Le rebond des cours du baril de brut n'aura pas duré. Ces derniers devraient même subir des pressions à la baisse jusqu'en 2016 et le point le plus bas du marché est encore à venir. C'est du moins ce prévoit l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans son rapport mensuel publié hier. Il est vrai que l'offre sur le marché reste largement excédentaire et l'orientation des cours demeure baissière. Il aura d'ailleurs suffi d'une secousse pour que le marché inscrive de nouveau un recul des cours en début de semaine, en lâchant plus de 7% en une journée. Il est clair que la crise grecque y est pour beaucoup. La débâcle des Bourses chinoises et les négociations sur le nucléaire iranien ont également pesé sur les cours. Depuis, ces derniers se sont légèrement redressés, avec la reprise des Bourses chinoises, tandis que la perspective d'un accord sur le nucléaire iranien semble s'éloigner. Hier encore, le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en août a gagné 47 cents, à 59,08 dollars, au cours des échanges européens. Le baril demeure cependant sous pression. La publication, mercredi, des stocks américains déçoit et annonce une nouvelle hausse avec un niveau jamais atteint depuis 8 ans. Il est donc clair que la surabondance de l'offre persiste et plombe les marchés. L'AIE estime d'ailleurs que face à une offre de plus en plus abondante et à une décélération de la croissance de la demande, la phase de réajustement du marché se poursuivra jusqu'en 2016. Pis encore, l'AIE estime qu' «il se peut que le point bas du marché soit encore à venir». L'organisme, qui représente les intérêts des pays consommateurs de pétrole, précise dans ce sens que la surabondance de l'offre persistera durant ce deuxième trimestre 2015 et devrait se poursuivre en 2016. L'AIE pointe une demande atone qui ne devrait pas être suffisante pour compenser la croissance de l'offre. Ainsi, l'Agence table sur une croissance de la demande mondiale de l'ordre de 1,2 million de barils par jour (b/j) en 2016, contre 1,4 million b/j en 2015. En parallèle, la reprise des forages de schiste américain ainsi que la posture de l'OPEP inquiètent. L'AIE estime que «le calendrier attendu du rééquilibrage s'est quelque peu modifié, mais le scénario n'a pas changé. La réponse de l'offre à la baisse des cours est en route». Et de préciser qu'il «faudra peut-être une nouvelle baisse des cours pour que cette réponse se déploie en totalité». Notons par ailleurs que le Fonds monétaire international (FMI) a estimé, dans sa mise à jour des prévisions de croissance mondiale publiée jeudi, que malgré un rebond des cours du brut au second trimestre 2015, «le prix moyen attendu pour 2015, à savoir 59 dollars le baril, (…) une hausse un peu plus faible est prévue pour 2016». L'institution de Bretton Woods exhorte ainsi les pays exportateurs de pétrole de la région MENA à «ajuster les dépenses publiques à la baisse des recettes pétrolières lorsqu'il n'existe pas d'espace budgétaire».