Le retour vers les classes n'est pas toujours fait de joies pour les élèves des quartiers déshérités. Elles sont nombreuses ces cités qui respirent de la poussière en été et se confondent avec les bourbiers en hiver. Dans ces lieux, des enfants traversent quotidiennement des kilomètres pour rejoindre leurs écoles, pourvu qu'ils y retrouvent de la chaleur. Ceci bien sûr quand la chaudière ne manque pas de gasoil. Pour d'autres, le savoir ne passe pas forcément par des chemins sablés. Dans les quartiers « oubliés » de Chaâb Ersas, Chaâba El Kahla et autres lieux inconnus qui portent, par dérision, des noms inspirés d'un certain Far West, les jeunes qui ont choisi de s'accrocher pour ne pas gonfler les chiffres de l'analphabétisme, savent bien qu'ils ont un long chemin dur à parcourir. Ainsi, et pour rejoindre le collège de la cité Boumerzoug ou le lycée Ben Boulaïd, sis au 4e kilomètre sur la route vers El Khroub, les chérubins de Chaâb Ersas et Chaâba El Kahla doivent traverser l'oued Boumerzoug. Sachant qu'il n' y pas la moindre passerelle, ce sont des jeunes désoeuvrés qui ont pris la chose en main pour éviter aux autres de traverser parfois douze kilomètres par jour pour chercher « le savoir ». Un trajet qui équivaut la distance entre Constantine et El Khroub. On se débrouille ainsi pour ouvrir un passage qui sera défait par les premières crues de la rivière. Lesquelles ont emporté, un jour, un enseignant et un élève. Un drame qui n'aurait pu avoir lieu, si les responsables plus connus par les autorités « ont daigné, un jour, prendre au sérieux les doléances de leurs électeurs ». Or comme les voix de ces pauvres gens ne comptent que lors des rendez-vous électoraux, on fera vite de les oublier. Pour les jeunes lycéens et collégiens, chaque rentrée est toujours synonyme de moult appréhensions. Il est pourtant vrai que le chemin du baccalauréat et de l'université passe par mille et un oueds !