C'est sous le signe de l'unité que des dizaines de personnes, dont des commerçants mozabites, ont observé, dimanche soir, un rassemblement de solidarité avec les victimes de la tragédie de Ghardaïa, au niveau de la place Saïd Mekbel de la Liberté de la presse, dans le chef-lieu de Béjaïa. Initié par le Comité de solidarité avec le M'zab, le rassemblement a regroupé des représentants d'organisation et de divers partis politiques, tels que la Ligue des droits de l'homme, l'Association des victimes d'Octobre 88, le Café littéraire, le Comité de solidarité avec les travailleurs de Béjaïa, l'association ADIC de défense des consommateurs, le MDS, le PST, en présence du P/APW et d'une foule de citoyens. Des bougies ont été allumées et une minute de silence a été observée en hommage aux 22 victimes tombées à Ghardaïa, suivie d'une prise de parole. Unanimement, tous ont appelé à l'unité et à l'arrêt de l'effusion de sang. Unanimement aussi, ils ont désigné l'Etat, «exportateur de stabilité», comme seul responsable des événements douloureux de Ghardaïa, l'appelant à cesser le traitement «populiste» d'un problème hautement politique et social. «Mettre Ghardaïa sous l'autorité de la 4e Région militaire n'est pas la solution à ses problèmes. La solution jaillira d'un dialogue sérieux et de la résolution des problèmes socioéconomiques qui minent cette région afin de préserver l'unité nationale. De plus, c'est aux corps de sécurité qu'incombe la sécurité des biens et des personnes, mais non à l'armée. C'est là toute la faillite de l'Etat», argue Hocine Boumedjane, responsable du CDDH. Abondant dans le même sens, le représentant local du MDS dénonce : «Ce n'est pas à l'armée d'intervenir dans la sphère civile, le problème de Ghardaïa nécessite un traitement politique et social pour que les divisons et les effusions de sang s'arrêtent. Le pouvoir est complice et doit en assumer les responsabilités, lui qui règle des conflits extérieurs, alors que l'intérieur brûle.» «Si le problème avait été réglé à temps, on n'en serait pas là. On a besoin d'unité et non de division. A chaque fois qu'un Algérien est touché, c'est toute l'Algérie qui est touchée», a déclaré le P/APW, Mohamed Bettache. Un représentant du Comité de solidarité avec le M'zab a, pour sa part, appelé à la libération du leader mozabite, Kameleddine Fekhar, arrêté, dit-il, «abusivement», avec ses compagnons. Il dénonce, par ailleurs, «l'immobilisme, l'incompétence et surtout l'impuissance de l'Etat à prendre en charge les besoins des citoyens», ce qui a permis «le débordement tragique des événements d'aujourd'hui et menace irrémédiablement la stabilité de tout le pays».