Les biens houbous de la ville de Souk Ahras ne sont pas épargnés par les appétits voraces des recycleurs de l'immobilier et les cartels du blanchiment d'argent, présents en force dans cette cité. La médersa de l'Association des oulémas, dont le local a été légué en 1953 comme propriété insaisissable par un donateur de Souk Ahras, abrite actuellement des fonds de commerce et des locaux dits «propriétés privées». Les documents officiels originaux et les archives attestent que le bâtiment et l'assiette foncière sur laquelle est érigée l'immeuble ne peuvent en aucun cas faire l'objet de cessibilité au profit d'une quelconque personne, quel que soit son statut. Khelaïfia Djamel Eddine, petit-fils de Drifoul Tayeb, secrétaire général de l'Association des oulémas, est sorti de ses gonds pour déclarer : «Ce pan de l'histoire de l'Algérie, lieu de culte et de renaissance, victime de pressions de la part de l'occupant français avant même le déclenchement de la Révolution, ne peut en aucun cas être inclus dans ce programme de dilapidation de la mémoire collective concocté dans l'informel par les prédateurs locaux.» Des tentatives de récupération de l'immeuble ont déjà eu lieu aux premières années de l'indépendance, quand plusieurs familles y ont été hébergées sous différents prétextes. Des années après, ceux qui excellent dans l'officialisation de la politique du fait accompli y ont implanté une pompe à essence. Libérés et ensuite mis à la disposition respectivement de l'université et de la direction des affaires religieuses, ces locaux nourrissent les ambitions de certaines associations fantoches et d'autres à caractère religieux. «Il s'agit d'une opération d'usure programmée avec la complicité de plusieurs parties. Sinon comment expliquer la présence illégale de plusieurs commerçants au rez-de-chaussée de la bâtisse, exerçant dans l'informel au vu et au su des services du registre du commerce, des impôts, de l'APC et de la direction des affaires religieuses ?» estime Khelaïfia, qui a assuré qu'il dispose de documents faisant foi du bien-fondé de ses propos.