Demain, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, sera l'hôte de Constantine pour célébrer officiellement le double anniversaire du 20 Août, celle de l'offensive du Nord-Constantinois (1955) et celle de la tenue du Congrès de la Soummam (1956). Soixante ans après ces événements qui ont marqué un tournant décisif dans la lutte du peuple algérien, Constantine, de par son statut actuel de «capitale de la culture arabe», sera le théâtre des célébrations nationales. En l'absence d'un programme officiel, le Premier ministre, selon certaines indiscrétions, se déplacera sur les lieux où Zighoud Youcef, l'un des promoteurs de l'offensive du Nord-Constantinois, a grandi et pratiqué le métier de forgeron. L'homme au chapeau de brousse est né le 18 février 1921 dans la région de Smendou, dans le Nord- Constantinois. A tout juste 17 ans, il adhéra au Parti du peuple algérien (PPA), dont il deviendra en 1938 le premier responsable de la région de Smendou. Lorsque Didouche Mourad, responsable du Nord-Constantinois, tomba au champ d'honneur, Zighoud le remplaça et organisa l'offensive du 20 août 1955, qui fut une éclatante démonstration de la mobilisation populaire. Il a été tué dans une embuscade à Sidi Mezghiche (Skikda), le 25 septembre 1956, à l'âge de 35 ans. L'autre rendez-vous important est une rencontre, au niveau du palais de la culture Malek Haddad, avec la famille révolutionnaire de la région, dont les échanges porteront, entre autres, sur l'épineuse question de l'écriture de notre histoire. Une dizaine d'autres points sont aussi inscrits à l'agenda du Premier ministre, dont un spectacle artistique autour du double anniversaire que la salle Ahmed Bey abritera. Une implication directe dans l'Evénement C'est la seconde visite de Sellal à la capitale de l'Est en l'espace de cinq mois. En avril dernier, il y a effectué le déplacement pour donner le coup d'envoi de l'événement culturel de l'année, «Constantine, capitale de la culture arabe 2015». Il est vrai que le Premier ministère s'est impliqué dans cette manifestation qui, selon les organisateurs et les officiels, est censée propulser Constantine au rang de grande métropole et lui donner davantage de visibilité dans le monde arabe. M. Sellal a dépêché, à Constantine, son secrétaire général et plusieurs ministres à la veille du coup d'envoi de l'événement pour superviser les derniers préparatifs et écarter toute velléité d'échec. Il a instruit les chefs des exécutifs des wilayas limitrophes pour prêter main- forte à la capitale de l'Est dans les opérations de nettoyage et de déblaiement. Mais à mi-chemin de la clôture de cette année, émaillée de polémiques et de ratages tous azimuts, le bilan est des plus mitigés. Pis, il y a à peine quelques mois, la société civile a appelé tout simplement à l'arrêt des activités artistiques. Pour autant, il n'est pas sûr que la «ligne de gouvernance» adoptée jusqu'alors dans la conduite de l'événement sera revue. A rappeler que «Constantine, capitale de la culture arabe» représente aussi une pléthore de projets. Nombre d'entre eux n'ont pas encore été réceptionnés. Sur les 70 prévus, quatre ou cinq uniquement ont été livrés… sous réserve. Et bien que les responsabilités soient établies, aucune mesure coercitive n'est venue sanctionner ces retards. L'Etat a débloqué la bagatelle de 700 milliards de centimes, rien que pour le volet artistique de cette manifestation, mais les Constantinois n'en ont tiré aucun profit. Après moult désagréments subis pendant des mois, les retombées esthétiques, économiques et environnementales tant promises ne sont toujours pas au rendez-vous.