La wilaya a tenté de trouver la solution en créant un organisme chargé de prendre en charge la nouvelle ville Ali Mendjeli, mais cette structure n'a jamais été visible. L'espoir s'était alors porté sur le nouveau découpage administratif, espérant au moins un statut de commune pour Ali Mendjeli, mais le gouvernement en a décidé autrement. Quand un orage fait l'effet d'un cataclysme, cela appelle immanquablement le questionnement. Les intempéries qui ont frappé mortellement à Constantine, lundi dernier, ont jeté le deuil et la stupeur parmi la population prise de court. Deux heures de précipitations ont produit l'irréparable : des morts, des blessés, des familles sinistrées et un bilan cauchemardesque, qu'on estime disproportionné face à un orage qui a été certes long et violent, mais n'avait rien d'exceptionnel. Comment est-ce possible ? L'orage a touché essentiellement la ville nouvelle Ali Mendjeli et, à un degré moindre, El Khroub dont elle dépend administrativement. Les nombreuses images de catastrophe prises par des citoyens et relayées sur les réseaux sociaux montrent une ville dévastée. Pourtant, Ali Mendjeli est une ville nouvelle et son système d'évacuation ne peut être usé puisqu'il n'a que quinze ans d'âge. Sauf si ce système souffre de «malformation congénitale» ou de malheureux défauts de fabrication. Dans l'UV9, l'on a déploré le décès d'une jeune femme, alors qu'au niveau de l'accès principal, le carrefour a été noyé par les eaux qui sont montées jusqu'à engloutir des véhicules de conducteurs effrayés et fuyant désespérément. Pourquoi les systèmes d'assainissement n'ont pas fonctionné ? Tout simplement parce qu'ils n'existent pas, alerte Noureddine Khelfi, architecte et ancien cadre à l'Urbaco. «Tout ce qui est assainissement des eaux pluviales et drainage est absent dans de nombreuses unités de voisinage et sur le boulevard principal. Cette nouvelle ville ne répond à aucun critère, elle ne possède même pas un plan Orsec», s'indigne le spécialiste, qui confirme une vérité devenue une lapalissade depuis que le Premier ministre a reconnu l'erreur de conception de Ali Mendjeli. Laxisme Sauf que pour faire sérieux, il ne suffit pas de reconnaître l'erreur, mais surtout de cerner les failles, désigner les responsables pour les exclure des projets et, enfin, établir un plan de redressement. A ce sujet, N. Khelfi rappelle ce qui s'est passé lorsqu'il était question d'exécuter le plan d'urbanisme de Ali Mendjeli : «L'Urbaco a conçu la planimétrie, soit la projection générale de la nouvelle ville, mais au moment de l'exécution, l'administration a fait appel à un bureau d'études local pour exécuter l'altimétrie et ce bureau est responsable de tous les défauts de conception.» En effet, il est curieux de constater l'absence d'avaloirs à travers des pans entiers de cette ville. A défaut, l'eau de pluie se débrouille en surface... Et pourquoi n'a-t-on pas procédé à la réparation de ce grave défaut dans l'infrastructure de base ? Faut-il que des morts soient enregistrés pour y remédier ? Le fait est que le statut administratif, l'autre défaut de Ali Mendjeli, fait obstacle. En effet, cette ville de 300 000 habitants a le statut d'une simple cité et dépend administrativement de la commune d'El Khroub, qu'elle a pourtant dépassé aussi bien en termes de population qu'en taille géographique. Elle devient par conséquent une charge impossible à supporter pour la commune de Khroub qui est loin d'avoir les moyens d'assurer les tâches simples liées à l'entretien de la ville. La wilaya a tenté de trouver une solution en créant un organisme chargé de prendre en charge Ali Mendjeli, mais cette structure n'a jamais été visible. L'espoir s'était alors porté sur le nouveau découpage administratif, espérant au moins un statut de commune pour Ali Mendjeli, mais le gouvernement en a décidé autrement.