Un hommage a été rendu, la semaine dernière, à la moudjahida Zahra Amrane, dite Malika, décédée le 7 mars 2005. «Une première à Tizi Ouzou», disent les organisateurs. L'hommage à cette fidaïe, née le 3 avril 1939 à Iguersafène (Idjeur-Bouzeguène), à 65 km à l'est de Tizi Ouzou, a été organisé par le musée régional du moudjahid en collaboration avec la famille de la regrettée et le comité du village Iguersafène. Les moudjahidine et moudjahidate et l'Association de wilaya des grands invalides de guerre ont pris part à cette journée commémorative. Une immense foule, en majorité des femmes, ont suivi avec beaucoup d'émotion les témoignages des anciennes et des anciens compagnons d'armes, notamment dans les activités de moussebil, moussebila et de fidaï durant la lutte armée à la Wilaya III et aussi à Alger. Avant la remise de cadeaux (tableaux et insignes d'honneur) à la sœur de la moudjahida, Nna Ouardia, et à la famille de la fidaïe, un groupe de vieilles femmes a exécuté en chœur un long chant patriotique qui a ému l'assistance. Dans la brochure biographique de Malika Amrane, remise aux participants, l'on relève que cette dernière était la veuve du commandant chahid, Rabah Krim, frère du négociateur et signataire des Accords d'Evian. Orpheline de mère dans sa prime enfance, elle est alors partie s'installer, en compagnie de sa sœur et de son père en France, où elle a suivi ses études. En 1952, elle regagne le pays natal. Zahra, ayant un niveau secondaire en 1956, a répondu en tant qu'étudiante à l'appel du FLN/ALN du 19 mai de la même année. Elle a rejoint alors le maquis où elle exercera comme infirmière-ALN en zone 3 de la Wilaya III sous les ordres du commandant Akli Mohand Oulhadj et du capitaine Si Abdellah Maghni, d'Ibsekriene (Aghribs) jusqu'à fin 1958. Elle sera ensuite affectée en zone 4 de la même Wilaya pour travailler sous les ordres de son futur époux, Rabah Krim, et du lieutenant Si Moh Nachid. De 1959 à 1960, Malika est encore affectée à Alger pour la pose de bombes artisanales dans des lieux fréquentés par des militaires et des colons français. Ces opérations marqueront ainsi le retour du FLN/ALN dans la capitale pour une «seconde bataille d'Alger», outre d'autres actions que lui confiait le commandant Rabah Krim et qu'elle mènera avec succès, aidée en cela par des volontaires moussebels. La moudjahida, qui fut arrêtée et emprisonnée par l'armée française en mai 1960 à Boghni, sera libérée plus tard et vivra le bonheur de l'indépendance de son pays.