La France frappée au cœur. Des actes de guerre dans les rues de Paris ont provoqué un effroyable carnage. Cette attaque terroriste est d'une ampleur inégalée pour les Français. Les spécialistes du terrorisme s'attendaient, au demeurant, à un attentat d'une telle importance, après l'assassinat des journalistes de Charlie Hebdo, en janvier dernier. Le Renseignement intérieur a-t-il failli ? Pourquoi un tel acharnement contre la France et les Français ? Est-ce la position de Paris sur la Syrie qui a conduit à l'instauration d'une vraie guerre contre ce pays ? Les images que nous recevons sont effroyables, choquantes et inadmissibles. Elles nous replongent dans l'Algérie des années 1990, celle des années noires avec ses 200 000 victimes, mais hélas ! sans l'élan de solidarité tout naturellement exprimé à la France. L'Algérie faisait face, dans la douleur et la solitude, à l'intégrisme armé, lourdement financé par l'Arabie Saoudite et, à un degré moindre, par l'Iran. Les nations occidentales ne voulaient pas trop s'impliquer dans la «guerre civile algérienne». Notre pays était bien isolé, l'armée boycottée… Le terrorisme, produit de l'extrémisme religieux, n'a pas de frontières. Il est abject, sans retenue. Il est à l'origine de «véritable crime contre l'humanité», comme l'a souligné très justement le président Bouteflika dans son message de soutien à son homologue français. L'intégrisme forme des machines à tuer. La stratégie consiste à endoctriner les jeunes pour en faire des bombes humaines, des criminels sans la moindre faiblesse ni retenue – la tactique des attentats-suicide, comme l'ont vécu douloureusement les Parisiens, est imparable. La Syrie et l'Irak sont devenus, en quelques années, un grand champ d'entraînement pour des milliers de jeunes Européens et Arabes qui seront, ensuite, renvoyés dans leur pays d'origine pour instaurer le désordre, poussant les populations européennes à rejeter massivement les musulmans. Ce processus vise à aboutir à l'instauration de lourdes fractures civilisationnelles. La Tunisie et la Libye ont également subi de telles politiques déstabilisatrices. Les guerres – ouvertes ou secrètes – menées contre les pays du Moyen-Orient n'ont-elles pas favorisé l'éclosion de Daech, principal vecteur de cette stratégie diabolique ? L'Occident n'a-t-il pas laissé le chaos s'installer dans ces pays en armant certaines factions islamistes ? La guerre déclarée contre l'Irak produit encore ses effets destructeurs. Autant de questions qui reviennent aujourd'hui à la surface après la série d'attaques terroristes sans précédent qui a ébranlé la France. Nous sommes autant concernés que les Français par ce terrible drame en raison de la présence, dans ce pays, d'une forte communauté d'origine algérienne. Tout autant que les Arabes et les musulmans, elle risque d'être mal vue et stigmatisée pour des crimes qu'elle condamne et rejette sans la moindre ambiguïté. Elle va être, à nouveau, la cible de l'extrême droite française et de tous ceux pour qui l'étranger est le problème. Face à ce désordre, la réponse ne peut être que politique en favorisant très fortement, de part et d'autre, le vivre-ensemble, loin des surenchères extrémistes et des politiques de rejet.