Hollande ferme les frontières et Renzi dort», «Il faut contrôler de près les immigrés musulmans, fermer les frontières et procéder à des expulsions». Matteo Salvini, leader du parti xénophobe Ligue du Nord, ne mâche pas ses mots pour s'attaquer sans discernement à tous les musulmans et instiguer le gouvernement contre ces derniers. Les autorités italiennes ont rapidement réagi aux événements tragiques qui ont frappé la capitale française. Aussi bien le président du Conseil italien que le chef de l'Etat Sergio Mattarella ont exprimé leur solidarité aux Français, les assurant de leur soutien. «L'Europe frappée au cœur saura réagir contre les barbaries», a notamment affirmé Matteo Renzi dans un court discours prononcé à l'occasion. Même le Parti démocratique (PD) au pouvoir parle au nom d'un «Occident agressé». Emanuele Fiano, responsable de la sécurité de ce parti, est certain que «l'Occident est sous attaque terroriste…(...) Unis contre le fanatisme du terrorisme islamique» — en Italie le mot «islamique» est systématiquement accolé au mot «terrorisme». Le gouvernement, pour sa part, a tenu une réunion d'urgence, hier matin, suite à laquelle le ministre de l'Intérieur Angelino Alfano a annoncé que les mesures de sécurité antiterrorisme seront intensifiées et que le niveau d'alerte a été renforcé. Les services de sécurité italiens prennent au sérieux les revendications publiées sur internet et qui menacent que les prochaines cibles, après Paris, seront «Londres, Washington et Rome». L'Italie craint que les organisations terroristes ne puissent profiter de la tenue du jubilé (l'année sainte) que le Vatican ouvrira dans un mois pour perpétrer des attentats, car des millions de visiteurs sont attendus dans la capitale italienne. Parmi les premières répercussions politiques enregistrées suite aux attentats, l'annulation de la visite officielle du président iranien Hassan Rohani, qui devait arriver en Italie hier matin. La diplomatie iranienne parle d'un renvoi, mais ces derniers jours, après un entretien accordé par Rohani à un quotidien italien dans lequel il critiquait Israël, une campagne anti-iranienne a été lancée par les médias italiens et les lobbies pro-israéliens pour faire pression sur le gouvernement italien. L'ambassadeur d'Israël en Italie, connu pour son arrogance, s'est même permis d'ordonner aux autorités italiennes de «réagir». Et la réaction n'a pas tardé. Le président de la République iranienne ne se rendra ni au Vatican ni à Paris. Pour sa part, la communauté musulmane d'Italie, qui compte plus de 800 000 personnes, se voit stigmatisée et prise de nouveau pour cible par les islamophobes et les racistes de tout bord. Un climat de méfiance et de préjugés pèse sur elle dans ce pays où, bien que représentant la deuxième religion, elle n'est pas encore reconnue officiellement et ne peut bénéficier de l'argent public pour la construction de lieux de culte ; elle n'a de fait aucun droit.