Ils ont choisi la station de métro la plus fréquentée de la métropole canadienne. Debout, se tenant par la main, ils «accueillaient» les usagers du métro qui passent par cette station centrale. Chacun portait un tee-shirt blanc sur lequel est indiqué son nom et son origine. Ils tenaient deux pancartes où on pouvait lire : «Il est mon colocataire et mon meilleur ami». La troisième affiche indiquait : «Ils sont mes frères». Matt est originaire de New York, Ammar, musulman, vient d'Egypte, et Thomas est parisien. Cette mise en scène, qui peut sembler banale, a fait le buzz sur les réseaux sociaux où elle a été partagée des milliers de fois, que ce soit sur facebook, twitter ou instagram. Vu le contexte actuel au Canada, où les gens s'inquiètent de la possibilité d'attentats terroristes et de l'arrivée prochaine de 25 000 réfugiés syriens, l'action prend toute sa signification. Selon un sondage du journal La Presse, 6 Québécois sur 10 sont contre l'idée d'accueillir 25 000 réfugiés d'ici la fin de l'année. Les raisons sont multiples. Certains, 33%, pensent qu'il faut accueillir moins de réfugiés, d'autres, 25%, en veulent plus, et 20% n'en veulent pas du tout. Deux pétitions se sont affrontées, l'une pour et l'autre contre l'arrivée des réfugiés. Elles ont recueilli plus de 50 000 signatures chacune. L'auteur de la pétition intitulée : «Non à l'immigration des 25 000 réfugiés» met en avant les questions de sécurité ou la possibilité d'infiltration de djihadistes parmi les réfugiés. Les auteurs de la contre-pétition «Oui aux réfugiés syriens au Canada : l'arrivée des 25 000 réfugiés syriens en sol canadien» trouvent que la première est une «ignoble pétition inhumaine et xénophobe», selon les médias locaux. Toute cette cacophonie a fait réagir le Premier ministre du Québec, Philippe Couillard. Il a affirmé : «Les politiciens avaient la responsabilité de ne pas nourrir le racisme dans l'actuel débat sur l'accueil des réfugiés syriens.» Le Québec, avec son expérience d'accueil de 50 000 nouveaux immigrants chaque année, est déjà prêt à recevoir 3600 réfugiés syriens. Son homologue de la province de l'Ontario, Kathleen Wynne, trouve que «les questions de sécurité ne devaient pas devenir un masque pour dissimuler la xénophobie». Le gouvernement canadien devra dévoiler, mardi, les détails de son plan pour accueillir des milliers de réfugiés syriens d'ici la fin de l'année. Le coût du programme pourrait atteindre 1,2 milliard de dollars. Montréal, Samir Ben