Durement touchés par le blocage des projets de développement inscrits au profit de leur localité, des centaines d'habitants de Bordj Menaïel, à 25 km à l'est de Boumerdès, sont sortis hier dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol et leur colère contre «le laxisme et la mauvaise gestion des autorités locales». Les protestataires ont organisé une marche au centre-ville en arborant des pancartes revendiquant «la dissolution de l'APC» et «le départ du maire», élu sur la liste FLN en 2012. La procession s'est ébranlée du rond-point jouxtant l'agence CNEP en arpentant le boulevard Amirouche avant de se disperser devant le siège de l'APC. Cette manifestation, qui s'est déroulée dans le calme, a suscité une grande adhésion parmi les commerçants, lesquels ont baissé rideau durant la matinée en signe de soutien aux marcheurs. Erigée en chef-lieu de daïra en 1984, Bordj Menaïel se débat dans des problèmes insurmontables. De la crise du logement à l'absence d'espace de divertissement en passant par la détérioration des routes et l'anarchie régnant au centre-ville, la population locale estime que l'Etat n'a pas fait grand-chose pour améliorer son quotidien. Connue sous le nom de ville des Coquelicots, Bordj Menaïel est devenue symbole de la décadence et de la défaillance à tous les niveaux. «Cela fait quatre ans qu'on parle d'une somme de 340 millions de dinars dégagée au profit de notre commune dans le cadre du programme d'amélioration urbaine. Le marché a été octroyé à un seul entrepreneur, mais les quelques mètres de route et les trottoirs qu'il a refaits jusque-là n'ont pas tenu un mois», dénonce un membre de l'association El Besma, l'un des organisateurs de la marche. Malgré la mauvaise qualité des travaux entrepris et la résiliation du marché avec l'entrepreneur, notre interlocuteur souligne qu'aucune procédure n'a été engagée par l'Etat pour sanctionner le responsable de ce bricolage. «C'est une opération de dilapidation de deniers publics, pas un projet», s'écrie un autre citoyen, qui dénonce la détérioration des ruelles menant vers les cités Tahrir, Bousbaâ, Lahsida, El Ghicha, village Omar et Bastos. Les manifestants s'élèvent également contre les retards enregistrés dans la réalisation des programmes de logement inscrits pour l'éradication des 1500 chalets et 300 taudis de la localité. «Notre commune compte 4162 logements qui ont connu un retard dans la réalisation : 2452 LPL, 630 LPA, 280 LSP, 800 AADL», déplorent-ils. Certains parlent aussi «du blocage de nombreux projets d'équipement pour absence de budget», citant le stade de 10 000 places, la salle omnisports, la crèche communale, etc. D'autres habitants évoquent le trafic qui entoure la gestion du foncier industriel au niveau de la zone d'activité, soulignant que de nombreuses parcelles qui devaient abriter des usines ont été détournées de leur vocation avec la complicité des responsables locaux. «Notre zone industrielle est devenue une zone de salles des fêtes», lance un quadragénaire. En l'absence du maire dont la gestion est décriée au niveau local, c'est le nouveau chef de daïra qui s'est adressé aux marcheurs devant le siège de l'APC, les assurant de faire de son mieux pour répondre à leurs doléances. Une promesse qui n'a pas convaincu les manifestants qui, eux, menacent de revenir à la charge dans les jours à venir si rien n'est fait pour améliorer leur vécu.