Le nationaliste Jean-Guy Talamoni est devenu président de l'Assemblée de Corse en prononçant un discours en langue corse : «Le peuple corse a dit que la Corse n'était pas un morceau d'un autre pays, mais une nation avec sa langue, sa culture, sa tradition politique, sa manière d'être au monde.» Gilles Simeoni, le nouveau président du conseil exécutif corse, a fait trembler les hommes politiques en parlant du «cadre universel du droit des peuples à maîtriser librement leur destin». Emotion, larmes et hymne corse dans l'assemblée territoriale, il n'en fallait pas plus pour que la velléité d'indépendance de ces deux départements insulaires soit rappelée à la France. Dimanche 13 au soir et même durant toute la semaine qui a suivi, peu de réactions avaient été enregistrées après cette victoire historique des nationalistes et indépendantistes corses, qui succèdent à plusieurs mandats de droite et à un mandat socialiste. El Watan fut parmi les rares journaux à le souligner dès mardi dernier. Préoccupés par le FN, certains se manifestent tardivement, comme l'ancien Premier ministre, François Fillon, qui estime que lors de la séance inaugurale, «des invectives dignes de l'agitation clandestine que l'on croyait révolue» ont été prononcées, qui «méritent de la part du chef du gouvernement un ferme rappel à la loi et de la part du chef de l'Etat une réaction claire concernant l'unité de la nation française». Jean-Pierre Chevènement s'inquiète de la possible reconnaissance de la langue corse qui conduirait à «un éclatement de l'espace national». Extrême droite et gauche de la gauche se sont retrouvés à l'unisson pour dénoncer l'aspiration culturelle et politique corse. La palme revient au secrétaire d'Etat chargé du Parlement, Jean-Marie Le Guen : « Tous les Français aiment beaucoup la Corse et les Corses, mais ils n'ont pas l'intention de renoncer à l'Etat de droit en Corse pour faire plaisir à certains.» Quant au Premier ministre, Manuel Valls, il a ouvert un peu le jeu en parlant, dans le cadre de la nation et dans la République française, de «sa reconnaissance de la spécificité de l'île».