Nombre de quartiers populaires sont dépourvus de structures dédiées aux loisirs éducatifs. Les vacances scolaires dans les quartiers populaires sont synonymes d'oisiveté et de désœuvrement. Les élèves des cycles primaire et moyen, ne trouvant pas où aller, passent leurs deux semaines de vacances scolaires dans leur quartier. Les cités telles que PLM, La Faïence, La Montagne, ou encore d'Urgence, n'offrent aux jeunes aucune possibilité de farniente et de divertissement. Hormis les cafés qui, dès les premières heures du matin, grouillent de jeunes gens, les structures dédiées aux activités de loisirs éducatifs sont inexistantes. A la cité PLM de Bourouba, la frange juvénile passe son temps libre entre la d'lala (espace commercial informel) et les interminables parties de foot. Samir, un jeune collégien, passe le plus de son temps à vendre de vieux vêtements dans la d'lala (marché aux puces) des chemins de fer, un lieu de négoce qui se trouve à quelques encablures de son quartier. «Je suis contraint de travailler pour subvenir à mes besoins durant le deuxième trimestre. Les vacances scolaires sont une aubaine pour moi. Je me fais un peu d'argent», confie-t-il. Dans cette d'lala qui se trouve aux abords des rails, les marchands proposent à la vente toutes sortes de marchandises. Des effets vestimentaires aux articles de quincaillerie, en passant par les démos, les parapluies et les postes radio, tout se vend. Des enfants dont l'âge ne dépasse pas dans le meilleur des cas une dizaine d'années, s'affairent à écouler leur marchandise dans un vacarme assourdissant. A partir de 13h, le calme revient. Les vendeurs se retirent progressivement de la d'lala. En quelques minutes, le lieu se vide, seuls des objets hétéroclites jonchent la surface commerciale. Aussi étonnant que cela puisse paraître, la marchandise qui n'a pas été vendue est laissée, en partie, sur place. Des clous, des barres de fer, des pièces de rechange complètement usées sont ramassés dans les moindres recoins de la d'lala. «Demain, je reviendrai à la même place. Il n'est pas question que je transporte tout ça sur mes épaules. D'ailleurs, personne ne va toucher», explique Samir. Après un déjeuner sommaire, le collégien rejoint ses amis pour une partie de foot. Dans les entrailles de la cité PLM, les terrains de jeu ne manquent pas. Toutes les rues peuvent, le temps d'une partie, se transformer en stades. Des pierres en guise de buts, et c'est parti pour trois heures de jeu ininterrompu. Les parties sont tellement longues que l'on ne compte plus le nombre de buts. Ce n'est qu'en début de soirée que les chérubins s'arrêtent de jouer. «Dans notre quartier, il n'y a ni maison de jeunes ni centre culturel. Quant aux stades et aires de jeux, ils sont inexistants, alors que des quartiers de la capitale sont pourvus de structures sportives et de loisirs éducatifs à satiété. Pourquoi ce deux poids, deux mesures ?» fulmine Samir. En ce début de saison hivernale, la nuit tombe tôt, mais ce n'est cependant pas une raison pour rentrer chez soi. Samir préfère encore s'amuser avec ses amis autour d'un damier. La cité PLM est un exemple concret de la démission de l'Etat.