Je suis née en Algérie et j'ai grandi en Algérie. Je n'ai pas grandi dans le chant lyrique, même si je faisais déjà du violon classique au départ… Tout dépend de la manière dont on se positionne. Si on se dit qu'on n'est pas à sa place, c'est sûr que les choses vont s'articuler d'une certaine façon. Mais si on est bien dans sa peau et qu'on se sent crédible, on arrive à surmonter les obstacles. J'ai eu les mêmes chances que les autres (Japonais, russes, allemands, Français…) au Conservatoire de Paris. Certes, au départ je n'avais pas baigné dans le monde de l'art lyrique, mais je suis douée quand même ! J'ai un don et je l'ai travaillé. J'ai eu de très bons résultats en fin de cycle au Conservatoire de Paris, et puis la carrière a suivi. Aujourd'hui, il m'arrive de me dire : «Quand même, j'ai fait du chemin !» C'est une satisfaction personnelle de se retrouver avec John, Jacques ou Mélanie… Oui, c'est possible. C'était une première victoire d'arriver dans ce monde et de se sentir complètement légitime. (…) C'est seulement après ma formation classique qu'est venue la volonté de revenir aux musiques algériennes et de chanter dans les langues maternelles. Il n'y avait pas d'opéras en arabe ou, du moins, ce qui existait ne me parlait pas forcément. C'est d'ailleurs dans mes projets de travailler avec des compositeurs actuels (comme Salim Dada par exemple) pour des pièces en arabe. Puisque l'opéra en arabe et en berbère n'existe pas, pourquoi ne pas le créer ? C'est vrai que cela reste toujours frustrant de ne pas chanter dans sa langue maternelle.