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Solitude mode d'emploi
Roman . «des pierres dans ma poche» de Kaouther Adimi
Publié dans El Watan le 09 - 01 - 2016

Kaouther Adimi fait partie de la nouvelle génération des écrivains algériens qui comptent.
Bientôt trentenaire, elle s'est fait remarquer par quelques nouvelles comme Le chuchotement des anges publiées ici et là avant d'écrire son premier roman intitulé Des ballerines pour la papicha, édité chez Barzakh en 2010 et repris par Actes-Sud en 2011, sous le titre, L'envers des autres. Cette entrée en matière dans le monde des livres lui a valu déjà quelques consécrations sur la scène littéraire comme le Prix de la Vocation en 2011 et en 2015 le Prix du roman de la fondation France-Algérie. Son écriture est très fraîche, volubile et pétillante, apportant au roman algérien un souffle original.
Son deuxième opus, intitulé Des pierres dans ma poche, paru en septembre chez Barzakh, traite de la solitude et des dommages collatéraux qu'ils peuvent entraîner sur la vie d'une jeune femme en exil volontaire à Paris.
Avec beaucoup de perspicacité, Kaouther Adimi montre qu'en dépit de l'éloignement et de la rupture avec l'ambiance familiale, les pesanteurs sociales persistent et s'incrustent en nous comme des gènes ataviques. Des pierres dans ma poche, écrit avec un humour corrosif, propose de s'affranchir des convenances sociales archaïques et de consacrer le désir de liberté comme une vertu cardinale pour les individus issus des sociétés traditionnelles.
Ainsi, la narratrice principale se présente comme une femme autonome qui s'investit complètement dans son travail éditorial. Le téléphone qui reste le seul lien avec sa mère restée à Alger va jouer le rôle du cordon ombilical entre la fille prodigue et la mère envahissante qui ne cesse de faire effraction dans le quotidien parisien de sa fille. A partir de là, tout devient prétexte pour lui rappeler que malgré les distances elle compte maintenir une forme d'emprise sur elle.
La mère ne peut admettre le départ de sa fille qu'elle imagine livrée à elle-même et en danger permanent dans la ville Lumière aux tentations multiples. La mère redouble de férocité quand elle lui annonce le prochain mariage de sa petite sœur. Une manière de lui suggérer que sa cadette est plus débrouillarde qu'elle et qu'il est temps pour elle de se caser.
De son côté, la narratrice est consciente de sa solitude mais toutes ses tentatives de trouver l'âme sœur sont vouées à l'échec. Dans un univers où la consommation effrénée est devenue le totem de la vie moderne, même les relations humaines s'en ressentent et deviennent éphémères, avec comme credo la nouveauté à tout prix. D'autres questionnements s'imposent à la narratrice sur cette obsession qu'ont les gens de chercher à se marier à tout prix et/ou à forcer la main à ceux ou celles qui montrent une quelconque réticence à l'égard de cette institution sociale.
Cette position ambivalente entre refus de se conformer à l'ordre social et jouir de la liberté de choisir son destin rend la
casuistique du roman très intéressante. Sans sombrer dans l'essai philosophique, Kaouther Adimi déjoue tous les pièges du roman à thèse pour restituer l'état d'esprit d'une femme moderne qui assume pleinement ses choix.
Paradoxalement, on sent au fil des pages qu'elle penche vers cette solitude heureuse dans un univers de travail impitoyable qui ne laisse aucun répit aux loisirs, à la détente ou tout simplement à l'espoir d'une relation amoureuse durable. Les échecs successifs après des rencontres sans lendemain et le rétrécissement du champ des possibilités de rencontrer quelqu'un sont très bien décrits par la narratrice, suggérant que l'horizon est vraiment bouché car les tracas du quotidien accaparent toutes les énergies. Pour rêvasser, la narratrice se rabat sur le gérant d'un Kebab, venu de Grèce. Il rappelle le mythe de la beauté et la virilité masculines.
Là aussi, la possibilité d'un mariage exogame demeure minime et pose la question de la mixité matrimoniale. Seuls moments de consolation, la relation amicale qu'elle entretient avec Clothilde, la SDF. Cette femme aguerrie au contact de la rue lui délivre des réflexions qu'on ne trouve nulle part ailleurs, ni dans les livres, ni dans les salons de beauté et les spas qui envahissent les espaces de la vie moderne. Sinon, elle s'échappe comme elle peut se réfugiant dans le souvenir de sa vie d'antan à Alger aux côtés de son amie Amina. On la voit dans sa maison avec ses parents et sa petite sœur.
La lecture nocturne à la lumière de la torche pour déjouer la vigilance de sa mère. Les années noires du terrorisme alors qu'elle n'était qu'enfant et son cortège d'horreurs absolues. Ces fragments de la vie algéroise, même teintés de la violence ambiante, atténuent les nouvelles préoccupations et les problématiques de la vie dans une grande capitale étrangère. Le lecteur comprend au fil des pages qui se déroulent comme un long conte que ce qui sauve la narratrice de sa solitude c'est son imagination fertile et l'autodérision qu'elle manie à merveille.
Avec Des pierres dans ma poche, Kaouther Adimi a réussi à écrire le roman d'une génération ballottée entre les exigences de la modernité et le poids des traditions. Par ailleurs, c'est un roman au cœur des préoccupations d'une génération qui a connu les affres du terrorisme et le développement du numérique, mais qui espère bâtir un avenir expurgé de toutes les tutelles. En un mot, une génération qui veut décider de son avenir sans recourir à un quelconque gourou.
Kaouther Adimi, «Des pierres dans ma poche». Editions Barzakh, Alger, 2015.


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