En effet, beaucoup de gens ont été étonnés de voir la troupe de «karkabou» et surtout des «personnages» masqués du groupe Idhebbalen-karkabou dans une procession sur la rue Larbi Ben M'hidi. Il s'agit en fait du carnaval d'Ayrad (lion en amazigh), «marche» initiée par Numidya, une association culturelle qui active à Oran depuis la fin des années 80. Ce carnaval, d'une beauté esthétique, entrecoupé de chants et de symboliques fortes, basé sur le port des masques, partie de la mémoire et de l'identité algériennes, entre dans le cadre de «Yennayer, symbole du renouveau amazigh et une histoire à revisiter». Une grande thématique par laquelle Numidya a lancé la 11e édition du Festival culturel de Yennnayer, manifestation qui s'étalera du 7 au 15 janvier à Oran. Comme résumé par Saâd Zemouche, président de l'association Numidya, lors de l'ouverture des festivités au niveau de la médiathèque d'Oran, jeudi dernier : «Il s'agit d'être dans la lignée d'Ayrad et des fêtes de Yennayer, qui symbolisent la perpétuation de la culture berbère qui a su et pu subsister et résister aux occupations successives à travers les siècles, gardant son cachet et son authenticité.» Ces festivités, organisées avec la collaboration des directions de la culture et de la jeunesse et des sports, sont particulièrement accueillies cette année avec l'annonce, dans l'avant-projet de révision de la Constitution, de l'officialisation de la langue amazighe. Plusieurs Oranais, qui ont l'habitude de fêter Yennayer depuis toujours, comptent faire partie de la grande commémoration initiée par Numidya. «Dommage, j'aurais aimé emmener mes enfants pour assister à Ayrad. Dire qu'on a un carnaval bien de chez nous !», a témoigné une personne qui regrette le manque de communication à propos de Ayrad, pourtant fêté, chaque année à Béni Snous, à Tlemcen.