Les Palestiniens sont en train de vivre un nouveau drame auquel, cette fois, ils contribuent de manière importante et directe. Ils se battent entre eux, et chaque action les rapproche de la guerre civile, alors qu'Israël accroît la mainmise sur leurs territoires, et en occupe d'autres. Aussi, apprenait-on hier, des colons israéliens ont profité de la guerre au Liban en juillet et août pour agrandir 31 colonies sauvages en Cisjordanie occupée. C'est le mouvement israélien la Paix Maintenant qui en fait la révélation. Dans un rapport, ce mouvement précise que les travaux pour le développement d'infrastructures, de routes d'accès ainsi que le déploiement de nouvelles caravanes se sont poursuivis durant les cinq derniers mois. La construction de logements en dur a également continué sans que l'armée intervienne, écrit-il. En outre, le gouvernement a émis 952 appels d'offres pour la construction de logements durant les neuf premiers mois de l'année contre 235 durant la même période en 2005, a ajouté la Paix Maintenant. « Les colons extrémistes ont profité que l'attention était centrée sur la guerre du Liban (entre Israël et le Hezbollah, 12 juillet-14 août) pour développer leurs colonies. La guerre leur a fourni une occasion en or pour s'emparer de terres sans que les médias se polarisent sur eux », a affirmé Dror Etkes, l'auteur du rapport. « La situation au Liban a également fourni au gouvernement un alibi dont il avait besoin pour ne pas procéder à l'évacuation des colonies sauvages et poursuivre le développement des autres implantations », a-t-il poursuivi. Mais d'une manière plus générale, la politique de colonisation ne fait que se poursuivre comme le révèlent les plans d'extension du gouvernement israélien avec ses appels d'offres pour la construction de milliers de logements. Cela avec la silence de la communauté internationale qui se lance même dans une incroyable gymnastique tendant à trouver un justificatif à cette politique criminelle. C'est dans un tel contexte que se déroule la nouvelle mission proche-orientale de la secrétaire d'Etat américaine au proche-orient. Mme Condoleezza Rice est attendue aujourd'hui en Cisjordanie et Israël. En mai, le gouvernement israélien a créé une commission interministérielle chargée d'examiner l'application des recommandations d'un rapport officiel sur le démantèlement des colonies sauvages, restées quasiment lettre morte. Selon ce rapport, les autorités ont fourni en sous-main un appui massif aux colonies sauvages. Selon les données officielles, il y a 105 colonies sauvages en Cisjordanie, dont 24 créées depuis mars 2001. Pour la communauté internationale, toutes les colonies dans les territoires occupés sont illégales. Mais elle ne fait absolument rien pour obtenir leur démantèlement et rétablir le peuple palestinien dans ses droits. Ce dernier vit tout simplement un drame avec ces affrontements internes ou entre différentes factions, faisant dimanche au moins neuf tués. Et rien ne semble arrêter cet engrenage, un groupe armé lié au Fatah du président Mahmoud Abbas ayant menacé hier d'exécuter des chefs du mouvement islamiste Hamas auquel il a imputé la responsabilité des violences meurtrières interpalestiniennes. Dans un communiqué au vitriol, les Brigades des Martyrs d'Al Aqsa s'en sont violemment pris au chef du Hamas en exil à Damas, Khaled Mechaâl, au ministre de l'Intérieur Saïd Siam et au commandant à Ghaza de la « force exécutive » créée par le Hamas, Youssef Al Zahar. « Les Brigades des Martyrs d'Al Aqsa proclament haut et fort la décision du peuple et de la révolution de condamner à mort la tête de la discorde Khaled Mechaâl ainsi que Saïd Siam et Youssef Al Zahar. Nous nous chargerons d'exécuter cette sentence pour que cette canaille serve d'exemple à tous ceux qui songeraient à faire couler le sang palestinien », affirme le groupe. Il a accuse M. Mechaâl, qualifié d'« agent à la solde de Damas », de « se chercher un rôle en faisant couler le sang, faisant exécuter ses basses œuvres par le criminel Saïd Siam et ses acolytes Al Jaâbri (un chef du bras armé du Hamas) et Youssef Al Zahar, le commandant de cette brigade de criminalité ». « La direction de la honte au Hamas se trompe en croyant qu'on passera cela sous silence », a-t-il averti. Le député et porte-parole du Hamas Mouchir Al Masri a condamné ces menaces. « Nous ne nous étonnons pas de voir le courant séditieux s'aligner sur l'ennemi sioniste en menaçant de tuer des dirigeants du Hamas », a-t-il déclaré. Echange d'accusations de trahison, mais la cause palestinienne n'encourt-elle pas cette menace maintenant que les Palestiniens — encore une fois il faut bien le souligner — n'ont pas trouvé meilleur moyen de régler leurs différends, que le recours aux armes ?