Le Parti des travailleurs (PT), dirigé par Louisa Hanoune, va-t-il voter contre la nouvelle Constitution ? Le comité central, instance suprême du parti, réuni hier en session extraordinaire, n'a pas tranché cette question. Mais tout porte à croire que le PT, qui sera présent demain à la séance de vote prévue à Club des Pins, optera pour l'abstention. Pourquoi ? En livrant sa lecture du contenu de la nouvelle Loi fondamentale du pays, la première dame du PT n'a pas caché que ce texte renferme, certes, énormément de lacunes mais apporte quelques améliorations ; elle cite l'officialisation de tamazight, l'article 17 qui protège les terres agricoles, des dispositions qui interdisent le monopole dans l'économie... «Le nouveau projet renferme des points positifs, mais comporte aussi des contradictions. Des concepts ont été introduits dans cette loi qui risque de remettre en cause nos acquis», note Mme Hanoune, qui s'est attardée sur l'article 51 pour s'interroger sur les tenants et les aboutissants de la polémique suscitée par cette mesure. «Il nous faut des explications. Lorsqu'un responsable d'un parti pro-pouvoir dénonce fortement cet article, cela nous intrigue. Il s'agit pour nous d'une affaire politique sérieuse. Sinon, comment expliquer qu'une telle polémique enfle ? On ne peut pas croire qu'Ouyahia ait décidé seul. Ce n'est pas clair», déclare-t-elle, en se disant persuadée que «le pouvoir panique». En outre, compte tenu des menaces qui planent sur le pays et du problème de délitement des institutions de l'Etat, la patronne du PT estime que la Constitution n'est pas une priorité pour son parti. Pour elle, la préservation de l'Etat en tant que tel et de son indépendance reste plus importante que la Constitution. «On peut ne pas avoir une Constitution comme la Grande-Bretagne, mais on ne peut pas se priver d'un Etat. Houari Boumediène a régné pendant 10 ans sans Constitution, mais il y avait un Etat. Aujourd'hui, à quoi sert une Constitution, même révisée profondément, en l'absence d'un Etat», s'interroge Louisa Hanoune, qui regrette la voie choisie par les décideurs pour faire passer cette loi. «Le recours au Parlement a fait rater au peuple et à la classe politique l'occasion de discuter et de débattre d'une loi importante dans la vie d'une nation. Le peuple a le droit de choisir la forme et le contenu des institutions qu'il souhaite mettre en place», affirme-t-elle. Hier, Mme Hanoune est revenue sur l'offensive menée contre son parti et la campagne de déstabilisation pilotée par le député déchu Salim Labatcha. Hier, sur les 96 membres du comité central, 70 ont répondu à l'appel et 12 ont envoyé une procuration. Les travaux ont débuté en présence d'un huissier de justice, qui a constaté que le quorum était atteint. Un membre du comité central représentant la wilaya de Tindouf a proposé une motion de soutien et de confirmation dans son poste de la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune. A l'unanimité, les participants ont approuvé le document. Ce vote est, selon eux, une réponse aux «voyous» qui ont essayé par tous les moyens de casser le parti. Mme Hanoune a dénoncé également les pressions que subissent les militants du PT ainsi que les menaces de mort formulées contre certains d'entre eux. Elle demande au gouvernement d'assumer ses responsabilités, car il s'agit là d'un travail criminel et d'attaques généralisées contre l'Etat.