La nouvelle a de quoi surprendre : le Venezuela, pays producteur de pétrole détenant les plus importantes réserves au monde, vient de décider des hausses de prix des carburants. Pour la première fois depuis 20 ans, le pays de feu Hugo Chavez connaît une flambée sans précédent sur l'essence : plus de 6000% ! Un choix que son successeur, Nicolas Maduro, devant l'ampleur de la crise qui frappe son pays depuis la chute des cours du brut, n'a pas pu éviter. D'autant que l'économie vénézuélienne, comme celle de l'Algérie, dépend à plus de 96% du pétrole. Le pays de Chavez était jusqu'alors l'endroit de la planète où l'essence était la moins la chère, à peu près 10 cents. Chez nous, avec les dernières hausses de janvier décidées par la loi de finances 2016, à 32 DA — soit 27 centimes d'euro ou 30 cents — l'essence est encore relativement bon marché comparativement aux prix pratiqués dans les pays voisins, comme au Maroc par exemple où elle est d'environ 0,95 dollar le litre. Il faut dire que dans le royaume de Mohammed VI, les prix des carburants ont été libéralisés depuis décembre dernier. Malgré cela, on peut trouver des endroits du royaume où le prix de l'essence est encore plus bas, notamment le long de la zone frontalière avec l'Algérie. Ce n'est certainement pas le fait du hasard que depuis la fin de l'année, la commercialisation d'un comparateur de prix des carburants sur smartphone fait fureur au Maroc… Preuve que la contrebande se porte encore bien en dépit du renforcement des contrôles et de la surveillance accru du côté algérien. Il n'y a pas très longtemps, le ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui, reconnaissait que la «fuite des carburants» aux frontières représentait annuellement quelque chose comme 2,8 milliards de dollars ! Après avoir longtemps fermé les yeux sur cette contrebande notamment à l'Ouest, les autorités algériennes semblent vouloir enrayer de manière sérieuse cette «saignée énergétique». Est-ce à dire que tous les moyens sont mis en œuvre pour réduire ce «trabendo» des carburants entre l'Algérie et les pays voisins avec le préjudice financier que ça lui coûte ? Si des augmentations conséquentes peuvent dissuader les trafiquants et tous ceux qui vivent de cette forme de contrebande, les mesures de contrôle et de surveillance soutenue des frontières ont, elles aussi, leur efficacité. Mais le plus sûr moyen de réduire de manière considérable à la fois la saignée aux frontières et la facture d'importation des carburants et autres produits raffinés (comme le diesel) serait de reprendre l'expérience de reconversion des années 1980. Le recours au sirghaz, au gaz naturel liquéfié et autre gaz de pétrole dit GPLC, notamment pour les transports en commun, transports publics et taxis, devrait être plus soutenu par les pouvoirs publics. Ceux-ci pourraient agir par des mesures qui rendraient une telle reconversion plus attractive pour les utilisateurs. Il serait en effet naïf de croire que seul le prix du litre du GPLC, fixé à 9 DA, serait en soi suffisant tant que l'Etat n'aura pas relevé l'aide fournie pour encourager la reconversion en direction des particuliers et tant qu'il n'aura pas décidé de celle du parc automobile appartenant aux collectivités locales, aux entreprises publiques et administrations. Les gains financiers seraient en effet immenses sans compter ce que peut apporter la réduction de la consommation de matières polluantes sur la santé des citoyens.