Le premier festival national des Aissaoua qui devait s'ouvrir hier n'a pas eu lieu. Cette défection intervenue à la suite de la décision d'annulation prise par le ministère de la Culture vient mettre un terme à une polémique née entre le commissaire désigné et une vingtaine d'associations. Les contestataires, outrés par le comportement affiché par Zineddine Bouabdallah ainsi que sa méthode de gestion, avaient pris la décision de se retirer mais encore d'organiser le jour de l'ouverture du festival un sit-in et de décréter ce jour, journée de deuil et de protestation. Zineddine Bouabdallah débouté par cette décision, justifie ce ratage par une accusation à l'endroit des autorités locales pour leur manque de collaboration, ainsi que l'insuffisance de moyens financiers alors qu'il a bénéficié de pas moins de 5 millions de DA pour une manifestation d'une durée de quatre jours seulement ( ?) sans compter le sponsoring. Le commissaire en charge du festival omet sciemment qu'il avait dûment établi des contrats pour les résilier quelques jours après d'une manière unilatérale et sans se sentir l'obligation de donner les raisons exactes de cet acte, preuve, s'il en est, d'une gestion qui, selon ces associations, dénote d'une inaptitude et d'une incompétence qui a fini par soulever un vent de protestation et hypothéquer définitivement la tenue de cette manifestation. La décision de délocalisation du festival vers la wilaya de Mila, les changements opérés tout récemment dans le secteur de la culture à Constantine et la nomination d'un nouveau personnel, sont selon certaines lectures, le signe annonciateur d'une accalmie qui augure d'un dénouement, au demeurant salutaire de la crise née entre, d'une part, la ministre de la Culture et les autorités locales. Cette rivalité tout à fait sourde prenait en otage l'acte culturel dans une ville vouée à force du bricolage imposé par la clientèle zélée des uns et des autres, à subir et que trop d'ailleurs, les bourrasques retentissantes d'une inculture aux incidences sinon très graves. La corrélation nécessaire de politiques locales et nationales en matière de culture est seule à même de lever les contraintes et les incohérences déjà nombreuses, libérant ainsi l'espace indispensable à l'expression culturelle et artistique. Les pouvoirs publics gagneraient cependant à faire de cette jonction l'occasion inespérée qui irait sans leurs injonctions insidieuses permettre une réelle autonomie du mouvement associatif, ces intrusions sans lesquelles la citoyenneté ne pourrait que mieux se porter. En attendant, et malgré cette décision ministérielle, les Constantinois ne seront aucunement pénalisés du fait que le programme d'animation du ramadhan réserve une bonne place à la prestation des Aissaoua, c'est dire que les mordus du genre auront leur part de transe assurée.