«La communauté internationale n'attendra pas indéfiniment que l'Iran montre qu'il est prêt à honorer ses obligations internationales», déclare en écho Hillary Rodham Clinton à Barack Obama qui a maintenu la menace de sanctions, y compris militaires, si Téhéran ne passe pas aux «mesures concrètes» après les discussions. A Londres, deuxième étape d'une tournée en Europe, la secrétaire d'Etat américaine a tenu à relativiser la portée de la réunion du 1er octobre entre l'Iran et les «six» (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne) à Genève. Un «début constructif» qui doit être suivi «par des actes» car «les paroles ne suffisent pas», dit-elle après des entretiens avec David Miliband, son homologue britannique, sur l'Iran et l'Afghanistan. Précision de Clinton : les «six» parlent «d'une seule voix» depuis Genève. Outre une inspection le 25 octobre prochain du nouveau site d'enrichissement d'uranium, situé près de Qom, et dont l'existence a été révélée le 22 septembre dernière à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), les «six» se sont engagés à prendre une partie de l'uranium iranien enrichi à moins de 5% pour l'enrichir à 19,75%. La Russie a postulé pour cet «enrichissement» qui servira exclusivement au réacteur destiné à produire des isotopes médicaux pour les malades atteints de cancer, selon le chef sortant de l'AIEA Mohamed ElBaradei. Cette question «épineuse» sera abordée lundi prochain à Vienne par les représentants de l'Iran, la Russie, des Etats-Unis et de la France. Ce message clair à Téhéran depuis Londres, serait-il une réponse à l'ultimatum donné par l'Iran à la communauté internationale : enrichir lui-même l'uranium pour son réacteur si aucun accord n'est conclu pour qu'un pays tiers le fasse ? «En cas d'échec des négociations ou si les fournisseurs refusent le combustible à l'Iran, l'Iran enrichira lui-même l'uranium à 20%. Nous écrirons une lettre pour annoncer à l'Agence que l'Iran agira de son propre chef pour fournir au réacteur de Téhéran le combustible nécessaire», prévient Ali Shirzadian, le porte-parole de l'Agence atomique iranienne, tout en sachant que cette décision «accentuerait les tensions». Téhéran qui a accepté, le 1er octobre, d'envoyer 80% de ses stocks d'uranium faiblement enrichi, soit 1500 kg, en Russie et en France pour y être traités, aurait-elle décidé de mettre la pression sur les «six» ou de retourner à sa position classique : son droit d'enrichir son uranium ? Pour l'Iran qui a besoin de 150 à 300 kilos de combustible nucléaire pour assurer pendant les quinze prochaines années le fonctionnement du réacteur de Téhéran, selon Ali Shirzadian, les prochains pourparlers seront un «test pour la sincérité» des «six» et permettront à l'Iran qui «possède entièrement la technologie de l'enrichissement» de s'installer à la table «avec un moyen de pression». Le 7 octobre, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, a affirmé que son pays achètera ce combustible à n'importe quel pays. «Si un accord est conclu à Vienne et n'est pas mis en application pour une raison ou une autre, l'agence ou le pays qui l'auront rompu seront à blâmer», précise M. Shirzadian avant d'ajouter : «si les Etats-Unis veulent l'entraver, alors l'affaire ne sera pas entre l'Iran et l'agence mais entre celle-ci et les Etats-Unis». Selon des experts, l'Iran possède suffisamment d'uranium enrichi à moins de 5% lui permettant de fabriquer une bombe atomique, s'il poussait le niveau d'enrichissement à plus de 90%. Ce qui est loin de ses compétences, disent-ils.