Alors que tous les regards étaient tournés vers l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), le signal est finalement venu, contre toute attente, de la Corée du Nord qui a fait exploser hier sa première bombe atomique. Le marché pétrolier n'a pas tardé à réagir à cet événement. Les cours ont gagné environ un dollar hier matin. Le baril de brent de la mer du Nord gagnait 1,08 dollar à 60,91 dollars. En plus de ces tensions géopolitiques, il semble également que le marché ait intégré l'idée qu'une décision de l'OPEP est imminente même si pour l'heure une réunion d'urgence de cette entité n'est toujours pas à l'ordre du jour. L'OPEP pourrait toutefois annoncer par voie de communiqué une réduction du plafond de sa production qui est fixé à 28 millions de barils par jour depuis le 1er juillet 2005, selon le porte-parole de cette organisation, Tareq Amin. Le Nigeria a fait une proposition dans ce sens. En l'absence de consensus quant à la réunion extraordinaire, le président de l'OPEP et ministre nigérian du Pétrole, Edmund Daukoru, a proposé par lettre à ses pairs de l'organisation de réduire de 1 million de barils par jour (mbj) le plafond de production. En tout état de cause, une décision multilatérale se précise de plus en plus, surtout avec l'adhésion à cette initiative de l'Arabie Saoudite qui est un membre influent de l'OPEP. Le royaume wahhabite peut, en effet, peser de tout son poids pour faire passer une telle décision étant donné que toute baisse serait prise en charge essentiellement par ce pays. Mais jusqu'à hier après-midi, aucun écho n'est venu de l'OPEP pour annoncer une baisse de la production. Le porte-parole de l'OPEP a même laissé entendre qu'elle ne faisait pas encore l'unanimité au sein de cette organisation. « Il n'y a pas vraiment d'accord pour le moment entre les onze pays membres pour réduire la production », a-t-il confié. Pourtant, le ministre algérien de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, n'a pas hésité avant-hier a affirmer qu' « il y a un consensus sur la baisse de la production ». Un tel geste de l'OPEP devient impératif du fait de la dégringolade des cours, qui ont chuté de quelque 25% depuis deux mois. Des annonces individuelles de réduction ont bel et bien été faites notamment par l'Algérie, le Venezuela et le Nigeria sans avoir d'impact sur le marché. « Il faut que le marché croit que cette décision est crédible et qu'il découvre qu'elle est réelle sur le terrain », avait expliqué Chakib Khelil. Seul l'effet d'annonce d'une décision « officielle » de l'OPEP, qui pompe 40% du brut mondial, pourra rendre confiance au marché, avait-il ajouté. Plusieurs pays membres de l'OPEP ont abondé dans ce sens. Il en est ainsi du ministre iranien de l'Energie, Kazem Vaziri Hamaneh, qui a souligné que son pays y est favorable. Le très sérieux journal économique The Financial Times a pour sa part relevé que les divergences sur la manière d'officialiser la baisse sont à l'origine des tergiversations de l'OPEP. L'Algérie, l'Arabie Saoudite, l'Iran, le Venezuela et la Libye sont favorables à la tenue d'une réunion la semaine prochaine pour ratifier l'accord de réduction de la production, mais d'autres pays, dont le Nigeria, estiment qu'un communiqué serait suffisant.