L'Algérie s'est engagée dans un vaste programme pour le développement des énergies renouvelables, mais le problème de la formation reste posé. Qu'en pensez-vous ? Tout d'abord, je me réjouis de voir que le pays se lance sérieusement dans un vaste programme de développement durable. C'est là l'essentiel pour répondre à la fois aux problématiques de la transition énergétique et de l'épuisement naturel des ressources d'hydrocarbures conventionnelles. Seulement, la clé de réussite de ce programme réside dans la maîtrise du savoir-faire des différentes options technologiques choisies par l'Algérie, qu'elles soient sur le solaire photovoltaïque, l'éolien ou d'autres énergies renouvelables. La formation jouera évidemment un rôle central dans la réussite du déploiement de ce programme. Cela va de pair. La filière EnR doit être capable de préparer des générations d'ingénieurs et de techniciens sur la production, la distribution et l'exploitation des sources d'énergie renouvelable. Comparativement aux autres pays du Maghreb, comment se positionne l'Algérie dans ce domaine ? De par ma position de patron de la région Maghreb, je vois bien les stratégies, les politiques, les plans d'action adoptés par chacun des pays du Maghreb. Chaque pays a ses problématiques et a adopté en définitive sa propre stratégie pour y faire face. Le Maroc est de loin le plus avancé dans le déploiement de son programme EnR commencé il y a une dizaine d'années. L'Algérie ne l'est pas encore, alors que le pays représente un gisement d'opportunités plus important. Par ailleurs, il y a un thème de formation très important qui est pris à cœur par les acteurs marocains et tunisiens, c'est celui de l'efficacité énergétique compte tenu du coût élevé de l'énergie dans ces pays. L'Algérie n'y échappera pas à terme. Il nous faudra aussi commencer à former des ingénieurs et des techniciens supérieurs sur le thème de l'efficacité énergétique, c'est-à-dire apprendre aux opérateurs et aux consommateurs à moins ou mieux consommer l'énergie. Comment se traduit justement l'engagement de Shneider Electric pour le développement des métiers dédiés au développement des énergies renouvelables ? Depuis longtemps, le groupe Schneider Electric porte ses valeurs de développement des compétences locales à travers le monde. En Algérie, depuis 2011, Schneider Electric dispose d'un institut de formation agréé par l'Etat et dédié aux métiers de l'électricité. Il n'est pas spécifiquement dédié aux énergies renouvelables. Notre institut dispense plus d'une cinquantaine de modules pédagogiques allant de la distribution électrique, des automatismes industriels. Sa priorité est de répondre d'abord aux besoins de ses partenaires et de ses clients dont la demande en formation est importante sur des sujets comme l'habilitation sur des équipements électriques en basse et moyenne tension. Pour les énergies renouvelables, nous avons inauguré récemment le Centre d'Excellence de Sbaat Rouiba sur les métiers de l'énergie et de l'électricité, fruit d'un partenariat entre le ministère algérien de la Formation et de l'Enseignement professionnels, le ministère français de l'Education nationale, le groupe Schneider Electric et la fondation Schneider Electric. Qu'en est-il des objectifs assignés au centre d'Excellence de Rouiba ? Ce centre, qui relève du ministère de la Formation professionnelle, a pour vocation de répondre aux besoins des entreprises sur les nouvelles problématiques que sont les automatismes industriels, l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Je ne saurais insister sur l'importance de la formation professionnelle en Algérie, tant pour l'actualisation des connaissances techniques des équipes locales que pour le développement de nouvelles qualifications. Comptez-vous généraliser l'expérience ? Oui, si le ministère de la Formation professionnelle en est d'accord. Il y aurait du sens à délocaliser ce type d'établissement sur une région clé comme le Sud algérien pour y promouvoir la filière des énergies renouvelables.