Nardjess, Latifa Benakkouche et Hassiba Abderraouf, trois célèbres chanteuses dans le genre algérois, ont animé, lundi soir, un concert dédié aux œuvres immortelles de Meriem Fekkaï et Fadhéla Dziria, devant un public nombreux, exclusivement féminin. Dans une ambiance festive, la salle El Mougar a vibré, deux heures et demie durant, au rythme d'un répertoire de grande valeur qui a rappelé à la mémoire l'immense travail de préservation du patrimoine andalou et la promotion de l'image de la femme algérienne, effectué par Meriem Fekkaï (1889-1961) et Fadhéla Dziria (1917-1970), deux des grandes cantatrices de la chanson andalouse algéroise. Les voix cristallines de Nardjess, Latifa Benakkouche et Hassiba Abderraouf ont brillamment porté celles de leurs aînées, reprenant successivement quelques-unes des chansons des riches répertoires des deux cantatrices à l'honneur qui ont marqué le patrimoine musical algérien. Nardjess, première à fouler la scène, a séduit le public avec une voix, à la tessiture large, puissante et bien travaillée, interprétant entres autres titres Men Hwa Rouhi ou Rahti, Mel Hbibi Malou et Ya Qalbi Khelli El Hal, incitant de nombreuses femmes au déhanchement. Devant un public déjà euphorique, Latifa Benakkouche a pris le relais, annonçant à l'assistance qu'outre les chansons de Meriem Fekkai et Fadhéla Dziria, elle allait également entonner quelques-unes des pièces à succès de Boudjemâa El Ankis, El Hachemi Guerouabi et Amar Ezzahi. Dans une atmosphère de fête, Latifa nak Benakouche, dotée d'un timbre vocal limpide et percutant rappelant celui de Meriem Fekkaï, a galvanisé l'assistance, l'invitant à reprendre les refrains en chœur et vivre pleinement ces moments de bonheur. Hassiba Abderraouf, intervenant en troisième partie, a également su satisfaire les goûts des spectatrices qui ont cédé au relâchement dans des tours de danse individuels, en duo ou encore en groupe, battant la mesure en tapant des mains et poussant des youyous répétés. Répondant à leur demande, Hassiba Abderraouf a interprété entre autres titres des artistes honorées, Mal Hbibi Malou, Rachiq El Qad et El Qalb Bat Sali, avant de reprendre quelques chansons de Seloua, une autre grande chanteuse algérienne que le public «souhaite vivement revoir». Les textes des différentes pièces interprétées, écrits par de grands poètes, évoquent entre autres, dans la métaphore et une poésie allusive, l'amour, la patrie, la douleur sentimentale, l'exil, la pudeur, le voyage, les rapports humains, la confiance, le retour et la beauté de l'Algérie. Ce grand moment nostalgique, offert par les trois cantatrices dans leurs belles tenues traditionnelles, est également l'œuvre de l'orchestre Safinet El Fen, dirigé par le maestro Khaled Sofiane, qui a soutenu les trois chanteuses avec beaucoup de professionnalisme et de métier. Le public, survolté, savourant chaque instant du concert dans la délectation, a pleinement vécu cette soirée-thématique dédiée à deux grandes figures de la chanson algérienne. La «singularité» de ces deux «femmes exceptionnelles», leur «attachement» à ce genre de chansons (également dit «âarrassi»), la «beauté mélodique des pièces» et la «densité des textes» ont été rappelés par des spectatrices à l'issue de la soirée. Cette soirée thématique, dédiée à Meriem Fekkaï et Fadhéla Dziria, donne suite au programme de l'Office national de la culture et de l'information (Onci), qui œuvre, sous l'égide du ministère de la Culture, à valoriser les artistes algériens. D'autres grandes figures de la chanson algérienne, disparues ou encore en vie, seront également honorées durant ce mois de Ramadhan.