Près d'un quart de la population la plus riche profite six fois plus des subventions énergétiques en Algérie que 20% de la population la plus pauvre, ont indiqué hier des responsables du Fonds monétaire international (FMI), citant une étude réalisée récemment par leur institution. Dans un entretien à l'APS, les deux premiers responsables du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, Jean-François Dauphin et Adnan Mazarei, ont ainsi estimé qu'en Algérie, certaines subventions sont «problématiques», en particulier les subventions énergétiques qui profitent, selon eux, davantage aux riches qu'aux pauvres. Aussi, ont-ils souligné, la démarche amorcée en vue d'un meilleur ciblage des subventions à travers notamment les hausses opérées sur les prix de l'électricité et du gaz «est effectivement la bonne», dès lors que ces augmentations, ont-ils argumenté, concernent les tranches de consommation supérieures sans toucher les plus basses. Affirmant que les subventions énergétiques en Algérie sont mal réparties, Jean-François Dauphin n'a pas manqué de mettre en avant la nécessité de redistribuer ces transferts dans le sens inverse afin de permettre, a-t-il dit, d'économiser des sommes importantes qui pourront être investies dans le développement économique et social. Cette réforme, a-t-il insisté, «est nécessaire non seulement du point de vue budgétaire, mais aussi du point de vue d'équité sociale». Abondant dans le même sens, le directeur adjoint du département Moyen-Orient et Asie centrale au FMI, Adnan Mazarei, souligne pour sa part que le Fonds appuie pleinement le fait que l'Algérie préserve les subventions nécessaires à la protection des populations pauvres, notamment celles relatives à l'alimentation et à la santé. La réforme des politiques de subventions, a-t-il toutefois insisté, «est en cours dans plusieurs autres pays de la région», la position du FMI étant, selon lui, de soutenir justement la révision de ces politiques d'une manière progressive et non brutale afin de protéger les couches défavorisées. Dans le cadre de ses dernières consultations annuelles avec l'Algérie au titre de l'article IV de ses statuts, le FMI, faut-il rappeler, avait clairement incité les pouvoirs publics à poursuivre l'effort de rationalisation des dépenses et de ciblage des subventions, estimant que celles-ci sont souvent trop onéreuses et parfois antisociales, car profitant davantage aux riches qu'aux ménages pauvres. Un plaidoyer qui semble avoir pleinement trouvé écho auprès du gouvernement, le Premier ministre lui-même ayant évoqué en juin dernier, lors de la tripartite, la nécessité de faire en sorte que les transferts sociaux bénéficient désormais à ceux qui en ont besoin. Tel que votés à travers la loi des finances de 2016, les transferts sociaux, rappelle-t-on, pèsent pour quelque 23% dans le budget global de l'Etat, dont 446 milliards de dinars pour le soutien aux familles et pas moins de 1500 milliards de dinars en subventions implicites destinées notamment à la couverture du différentiel entre les prix réels et les prix de cession interne des carburants et du gaz. Des subventions qui devront cependant faire graduellement l'objet d'une vaste réforme afin d'être mieux ciblées, comme l'avait annoncé l'année dernière l'ex-ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa.