Les soirées de Ramadhan ont donné un aperçu sur le retour en force de la pratique religieuse au sein de la jeunesse. Les processions à la sortie des mosquées ne sont pas passées inaperçues dans les chefs-lieux. La montée en puissance de la ferveur religieuse auprès des jeunes n'aurait pas attiré l'attention si elle n'était pas accompagnée d'un accoutrement dénotant un vrai durcissement des convictions. Il y a apparition ou réapparition des fameuses tenues afghanes qui avaient été l'étendard des islamistes les plus radicaux et qui restent à ce jour la tenue « officielle » des groupes islamistes restés au maquis. Il y a choc dans les rues de Kabylie en voyant circuler, en groupes d'individus pressant le pas, des jeunes affublés de cet insoutenable accoutrement. Le qamis afghan est devenu d'autant plus provocateur que des milliers de jeunes visionnent depuis des semaines des vidéos sur Internet montrant des actes criminels perpétrés dans la région par des terroristes affublés du même barda. La tenue terroriste est-elle soluble dans la société ? Elle ne ferait qu'accentuer le traumatisme causé au sein de la population par des années de furie islamiste. Les commémorations et les hommages rendus aux victimes du terrorisme ne peuvent pas se faire dans la sérénité si l'on agresse encore les regards en arborant l'étendard vestimentaire des terroristes. Il n'y a rien qui permet de réprimer ce genre de pratique, mais il est clair qu'il s'agit d'une provocation permanente lorsqu'on porte ostensiblement cette marque de fabrique afghane dans une région qui, en d'autres temps, était à « l'avant-garde » du combat démocratique. Les forces démocratiques sont anesthésiées par ce spectacle annonçant des lendemains électoraux incertains et même périlleux. Le potentiel politique en dormance ne demande qu'à être structuré dans de nouvelles organisations à caractère théocratique. L'Etat ne reste pas sans réaction devant l'inflation qui marque les rangs islamistes. Dans cette région qui comptait pourtant une mosquée dans chaque village, l'on annonce du côté de l'administration de wilaya le financement (étatique et dons privés) de 140 projets, entre restaurations et constructions de nouvelles mosquées.