Vous êtes de quel organe ?» nous a apostrophé, hier, un villageois à l'entrée de la bourgade où habitent les grands-parents de la fillette disparue. Les citoyens du village Aït Abdelouahab, dans la commune de Aït Touddert, daïra de Ouacifs, à 40 kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou, s'interrogent sur «l'objectif des fausses informations relayées par une certaine presse» et les réseaux sociaux. Ils étaient toujours là, mobilisés comme un seul homme, dans l'espoir d'aboutir à un dénuement heureux de cette dure épreuve que traversent les familles Si Mohand et Ouali. L'absence d'information officielle, dans l'affaire de la disparition de la petite Nihal qui n'a pas donné signe de vie depuis le 21 juillet, fait enfler la rumeur qui, souvent, frôle l'indécence. Rencontré sur le seuil de la maison familiale, le grand-père de Nihal nie catégoriquement les informations qui font état de la découverte d'un corps. «Il n'y a rien. Les éléments des services de sécurité continuent les recherches. Ceux qui ont donné ces informations nous ont fait beaucoup de mal car ils ont amplifié le climat d'angoisse qui règne dans la famille depuis plus de 12 jours. On se demande pourquoi toute cette désinformation alors qu'on sait qu'il y a une vie humaine en jeu. Les fausses informations relayées par certains médias nous ont vraiment traumatisés», lance, dépité, le sexagénaire. Sa femme, la mine défaite, carrément abattue par l'incertitude qui plane sur le sort de Nihal, n'arrive pas à croire que ce qui a été donné pas «certains médias» n'est pas confirmé par des sources officielles. «Le corps de ma petite-fille a été retrouvé. Elle a été décapitée. C'est dramatique. On a vu l'information à la télévision. C'est un règlement de compte», déclare-t-elle avec un air de désespoir, avant de nous rappeler les circonstances de la disparition de Nihal, appuyant la thèse de l'enlèvement. «Elle venait tout juste d'arriver d'Oran. Elle était en train de jouer avec les autres enfants qui nous ont dit qu'un homme encagoulé l'a enlevée», raconte-t-elle, les larmes aux yeux. L'ambiance était vraiment lourde tant la famille est toujours sans nouvelles de Nihal. Rien ne filtre du côté de la Gendarmerie nationale, qui a renforcé son dispositif avec des dizaines d'éléments supplémentaires pour continuer les recherches dans les maquis du village et des bourgades voisines. Nous nous sommes rendus à la brigade de gendarmerie de Aït Touddert pour avoir plus d'informations sur l'affaire, mais en vain. Les éléments de permanence nous ont signifié que seul le chef de brigade est habilité à communiquer avec la presse mais, ont-il ajouté, «il est sur le terrain, en opération de recherche». Les journalistes présents sur les lieux peinent à avoir le moindre détail. Pourtant, soulignent plusieurs confrères, le ministre de la Justice a déclaré avoir chargé le procureur de la République territorialement compétent d'informer l'opinion publique des développements de cette affaire. Toutefois, aucun communiqué n'a été envoyé aux journalistes et aucun point de presse n'a été tenu par les responsables concernés depuis la disparition de la fillette. Hamid Ouali, oncle de la petite Nihal, lui aussi, regrette que des rumeurs soient relayées comme des informations dans la presse. «Nous sommes bouleversés par les fausses informations qui circulent dans les médias au sujet de Nihal. C'est scandaleux», déplore-t-il, tout en soulignant la mobilisation des villageois des communes de la daïra de Ouacifs qui continuent d'apporter leur soutien à la famille de Nihal. Les citoyens de la région se sont manifestés dès le premier jour de la disparition de la fillette pour entreprendre, aux côtés des éléments des services de sécurité, des recherches dans les forêts et maquis de la région en vue de rendre le sourire à une famille éplorée, accablée par cette disparition.