En cette période de grandes chaleurs, de nombreux citoyens, au lieu de profiter de la fraîcheur de la mer, préfèrent les eaux hyperthermales, bicarbonatées et chloro-sulfatées de la ville de Bouhanifia, à 20 km de Mascara. Je viens souvent ici pour bénéficier des bienfaits des eaux de Sidi Bouhanifia. Tout le monde ici est en quête d'un bain ou d'une cure thermale apaisante et relaxante dans les bains modernes et traditionnels», nous dira un sexagénaire venu en famille. Que ce soit en période hivernale ou estivale, le flux du tourisme thermal à Bouhanifia ne se tarit pas ! Il n'a jamais été affecté par le manque flagrant de service de qualité ! Chaque année, les bains éparpillés ici et là, à savoir Hammam El Babor, El Baraka ou Essaâ, attirent de nombreux curistes venus d'un peu partout du territoire national, y compris des localités du Grand Sud. «Les eaux thermales de Bouhanifia sont recommandées pour le traitement de diverses affections, rhumatismale, gastrique, gynécologique et oto-rhino-laryngologique (ORL). Elles sont très efficaces et conseillées pour les cures de détente et de remise en forme», nous dira un fonctionnaire de la station thermale. De son côté, un praticien hospitalier ajoute : «Les eaux de Bouhanifia qui sont indiquées pour le traitement des maladies des articulations et autres problèmes de santé liés à l'obésité sont parfaitement adaptées au traitement des pathologies dermatologiques et neurologiques.» L'histoire des eaux minérales de cette localité n'est pas récente. «Depuis que je connais Bouhanifia, rien n'a changé» Elles remontent depuis leur découverte et utilisation par les Romains, qui ont construit leur ville militaire baptisée Aqua Sirens, actuellement tombée en ruine. Cette ancienne capitale thermale de l'Afrique du Nord, située sur les bords de Oued El Hammam, prend le nom du Saint patron Abou Hanifia, né à Baghdad (Iraq), en 1279, et décédé à l'âge de 70 ans (1349) dans la région. Cette richesse historique et thermale est mal exploitée. Les infrastructures hôtelières et autres bains maures ne reflètent pas la réalité du tourisme thermal. Les prestations sont limitées. «Depuis que je connais Bouhanifia, rien n'a changé. C'est toujours les mêmes services et les mêmes prestations. La seule chose qui a changé, ce sont les prix des bains et des hôtels qui ne cessent d'augmenter», nous dira Benaoumeur, qui se dit pessimiste quant à l'avenir du tourisme thermal dans la wilaya de Mascara. Selon les informations que nous avons recueillies auprès de la direction du tourisme, le nombre de lits dont dispose la ville de Bouhanifia est de 1811 répartis à travers les 34 hôtels, dont 31 privés et trois appartenant à l'Entreprise de gestion touristique de Tlemcen (EGTT). Des commodités d'accueil dépassées Malheureusement, les commodités d'accueil au niveau de la majorité écrasante de ces infrastructures hôtelières ne répondent pas aux attentes des touristes-curistes. A Bouhanifia, les touristes se contentent uniquement d'un bain ou d'une cure thermale. A part ça, il n'a rien à faire ! La station thermale, qui dispose de trois hôtels d'une capacité de 417 lits, reste limitée par ses services. En 2012, un budget de 125 milliards de centimes a été dégagé pour sa réhabilitation et modernisation. Le projet n'a jamais démarré ! Selon le directeur du tourisme, Talbi Abdelmalek, l'ouverture des soumissions de ce projet réparti en sept lots est fixée au 7 août ! En visite à Bouhanifia, en février dernier, l'ex-ministre du Tourisme, Amar Ghoul, n'a pas manqué d'exprimer sa colère quant au retard accusé dans le démarrage de ce projet qui, selon lui, «devra contribuer à améliorer les prestations touristiques au profit des curistes et à promouvoir la ville de Bouhanifia, dans une première étape, en pôle national thermal puis international, attractif des touristes étrangers.» Future station thermale d'une superficie de 8 ha en chantier Afin de combler le déficit en matière d'infrastructures et la création d'un climat de concurrence, deux hôtels thermaux sont en projet à Bouhanifia. Il s'agit de l'hôtel Mamounia, en voie de lancement, et de l'hôtel Aqua Sirens qui est à 35% d'avancement des travaux. A cela s'ajoute un autre projet de réalisation d'une station thermale. «Le projet est en cours d'étude. La future station thermale, qui sera réalisée sur une superficie de 8 ha, devrait comprendre un cabinet médical de consultation, un établissement de soins thermaux et une balnéothérapie», nous dira Abdelmalek Sahraoui, PDG du groupe Sahraoui. En outre, le manque ne se limite pas uniquement aux établissements hôteliers, mais aussi en termes de banques et autres lieux de distraction inexistants. «Aucune banque n'a répondu favorablement aux demandes des pouvoirs publics de la wilaya de Mascara pour l'ouverture d'une agence bancaire à Bouhanifia», nous affirme un responsable de la wilaya. En ce qui concerne les lieux de distraction, les curistes sont contraints de ne pas s'éloigner de leur lieu de séjour. «Après les séances de cure, nous sommes obligés de retourner dans nos chambres ou de faire une petite tournée à pied dans la ville, il y a un manque constaté de lieux de loisirs à Bouhanifia», révèle-t-on. Promouvoir la ville de Bouhanifia en pôle touristique national d'excellence reste un objectif primordial.