L'Autorité de régulation de l'audiovisuel (ARAV) publie son premier communiqué depuis l'installation officielle de ses membres, en juin dernier. Elle réagit, très en retard, sur des dépassements enregistrés dans le traitement médiatique de l'affaire tragique de la petite Nihal Si Mohand, retrouvée morte quinze jours après sa disparition à Ouacifs, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Dans un communiqué rendu public hier, l'instance que préside Zouaoui Benhamadi appelle notamment les chaînes de télévision privées à faire preuve de «vigilance extrême» dans la diffusion de commentaires et de faits en rapport avec cette affaire. «Suite à l'ignoble assassinat dont a été victime la jeune Nihal Si Mohand, l'opinion publique a été, à juste titre, révulsée par cet acte horrible. Et c'est également à juste titre que la presse nationale, en particulier les médias audiovisuels, se sont saisis de l'événement», précise la même source dans ce communiqué. L'ARAV, qui s'est «réjouie» de la réactivité des médias audiovisuels, relève que «malheureusement, certaines chaînes sont allées au-delà du droit d'informer en diffusant des informations approximatives ou erronées, causant ainsi un lourd préjudice aux familles déjà très douloureusement affectées». Dans la foulée, l'ARAV appelle l'ensemble des médias audiovisuels du pays à «faire preuve de vigilance extrême dans la diffusion des commentaires et des faits dans tout ce qui touche à cette douloureuse affaire, encore du domaine de l'enquête judiciaire». Seulement, comme constaté dans ce communiqué, l'ARAV elle-même a commis une erreur en parlant d'«assassinat» de la petite Nihal alors que l'enquête n'est pas encore terminée et que la gendarmerie n'a pas encore élucidé l'affaire. L'autre remarque est que le communiqué de l'ARAV manque cruellement d'autorité. Réagissant tardivement sur une affaire qui a fait l'objet parfois de graves dépassements, l'Autorité de régulation de l'audiovisuel s'est montrée visiblement très prudente. Le communiqué d'hier rappelle ceux produits auparavant par l'ancien président de l'ARAV, Miloud Chorfi, qui se contentait de généralités, peut-être par manque d'audace dans l'entreprise de régulation du secteur audiovisuel national. Aujourd'hui, malgré l'installation officielle de tous ses membres, l'ARAV fait également preuve de timidité dans la mise en œuvre de sa mission. Pourquoi n'a-t-elle pas réagi à temps pour rappeler à l'ordre les responsables des chaînes qui «sont allées au-delà du droit d'informer» ? Depuis l'annonce de la disparition de la fillette jusqu'à la confirmation de sa mort et son enterrement, certains médias, animés par la course au «scoop», ne se sont pas gênés pour donner des «informations» non vérifiées et de colporter des rumeurs qui n'ont fait qu'aggraver la douleur de la famille et des proches de la petite victime. Pis, certaines chaînes sont allées jusqu'à exploiter — ce qui est interdit par toutes les lois sur l'information à travers le monde — l'image d'enfants en leur donnant la parole pour s'exprimer sur le cas de Nihal. Elles les ont montrés en train de pleurer le sort d'une fillette qu'ils connaissaient.