Que peut-il bien se passer au niveau de nos communes pour que des élus soient suspendus avant d'être traduits en justice, suite aux scandales en série ? Pourquoi depuis, notamment les années quatre-vingt-dix du siècle dernier, ceux chargés de la bonne gouvernance des territoires communaux versent aussitôt élus dans la rapine, la corruption et autres combines financières ? Pourquoi une fois acquises les voix de leurs administrés, bercés par leurs promesses – celles de faire mieux que leurs prédécesseurs –, ils s'empressent de leur tourner le dos ? Pourquoi dès que les destinées de la commune sont entre leurs mains – et pas avant –, ils s'aperçoivent qu'ils n'ont pas les coudées franches et que toute opération menée dans la géographie qu'ils gèrent n'est pas de leur ressort et que les finances publiques qui leur sont accordées sont très insuffisantes ? Pourquoi ces agents de l'Etat, au lieu de se soucier des préoccupations de la cité lors des plénières, ils traitent honteusement de leurs propres affaires – en témoigne la copie de CD que nous détenons ? Pourquoi, au lieu de gérer le patrimoine communal au profit des administrés, ils le détournent sans vergogne, en tirant une prébende de ce bien ? Pourquoi se servent-ils de l'équipement de la commune au lieu de le mettre à la disposition de concitoyens qui ont des idées pertinentes ? Quel mal y a-t-il à impliquer les associations et les comités de quartier en les invitant à donner leurs avis sur les projets de développement de leurs communes pour les rendre attrayantes ? Où se situe la faille (el khalal) pour que nos communes soient très mal gérées et aussi repoussantes qu'inhospitalières ? Où réside la fracture entre la wilaya déléguée, la wilaya et la commune pour que des infractions alimentent chaque jour que Dieu fait la vox populi ? Tant d'interrogations qui nous édifient sur quelque chose qui ne tourne pas rond dans la cellule de base de la vie communautaire. Depuis 1962, l'administration locale que gère le premier magistrat de la commune n'a de cesse de faire étalage de délitement, témoin là aussi du cadre de vie qui, le moins qu'on puisse dire, part en déconfiture. Une amère réalité qui ne nous fait pas moins convoquer, faut-il le dire, la gouvernance de l'espace administré par un certain Jacques Chevallier, maire d'Alger, son coreligionnaire de l'ex-St-Eugène, Raymond Laquière, ou encore Malaga, ce fonctionnaire de la police municipale (garde champêtre) qui, à lui seul, ne ménageait aucun effort pour faire régner l'ordre et en veillant sur la salubrité publique. D'aucuns diront qu'on cultive la nostalgie de ««hizb frança», mais les septuagénaires bien de chez nous s'interdisent de se montrer chiches envers le mode opératoire de ces gestionnaires de communes de cette époque coloniale. Des communes qui, faut-il le souligner, n'avaient rien à envier à celles de Paris, Nantes ou Toulon et leurs arrondissements. Mais, autres temps, autres mœurs...