Depuis quelques jours, de la façon la plus discrète qui soit, les autorités locales ont procédé au changement de nom d'une rue du centre-ville, celle perpendiculaire de la place Mekkeri (ex-Valéro). En effet, à la droite de cette placette -qui abrite le terminus des lignes de bus U et 34- se trouve une petite rue en pente qui a, de longues années durant, porté le nom de Fernand Iveton, ce militant communiste français qui a pris fait et cause pour la Révolution algérienne et qui a été parmi les premiers guillotinés, en 1956, par le régime colonial sous ordre de François Mitterand, alors garde des Sceaux. Indignés, deux habitants de cette rue se sont rendus, hier, à notre bureau, pour se plaindre de cet état de fait. La rue Fernand Iveton s'appelle désormais rue du chahid Bachir Bouamer. «Je trouve que c'est bien qu'une rue porte le nom d'un autre chahid, mais pourquoi au détriment de Fernand Iveton ?» se désole Nourredine, la soixantaine, qui trouve scandaleux qu'on ait débaptisé le nom d'Iveton de cette rue qui jouxte le célèbre quartier populaire d'El Derb. Il faut noter que ce genre de procédé n'est pas isolé et répond, le plus souvent, à une méconnaissance des élus ou des responsables à qui est confiée la tâche de baptiser, qu'à une volonté farouche de porter atteinte à la mémoire et à l'histoire. On se rappelle, à titre d'exemple, de cette anecdote qui prévalait dans les années 1980, quand des élus avaient proposé, ni plus ni moins, de débaptiser la rue Max Marchand (non loin de Gambetta), sans savoir que cette rue avait été nommée après l'indépendance de l'Algérie, et que Max Marchand était un ami de l'Algérie algérienne, assassiné peu après le 19 mars 1962 par des militants de l'OAS. Pour revenir à Fernand Iveton, notons qu'un livre très poignant vient de lui être consacré, écrit par un jeune écrivain français Joseph Andras. Paru en mai dernier aux éditions Barzakh, le livre s'intitule «De nos frères blessés» et est disponible dans toutes les bonnes librairies algériennes.