Le gouvernement, qui a prévu dans la loi de finances un prix de référence fiscale du baril de pétrole à 50 dollars pour pouvoir maintenir un tant soit peu le niveau des transferts sociaux et des politiques de subventions, aura-t-il suffisamment de temps et de moyens pour redresser une économie en crise ? Le budget de fonctionnement de l'Etat ne cesse de décliner depuis deux ans. Les effets de la crise sont là. Et c'est parti pour durer. Loin d'être de simples nuages d'été, les problèmes dans lesquels se débat l'économie algérienne ne peuvent être solutionnés du jour au lendemain par des coupes systématiques et massives dans le budget de l'Etat. Il n'y a pas de solution miracle. Tout le pays est suspendu à un hypothétique redressement des prix du pétrole. Un facteur qui, bien entendu, ne dépend pas du bon vouloir du gouvernement. De toute évidence, ce dernier, après les frénétiques dépenses des années fastes de l'embellie financière, n'a plus d'autre choix que celui de l'austérité et de l'augmentation des taxes et impôts pour compenser le déficit induit par la baisse de la fiscalité pétrolière. Selon la répartition du budget de fonctionnement prévu par la loi de finances 2017, dont le document a été publié par TSA, seuls les ministères de la Défense nationale et de la Santé ont vu le niveau de leur budget respectif maintenu. Ceux des autres ministères ont tous été réduits. Fini le temps où les Travaux publics bénéficiaient d'une enveloppe de plus de 27 milliards de dinars. Cette année, ce département partage le même budget avec celui des Transports, avec lequel il a été jumelé. Le ministère de l'Habitat, qui bénéficiait lui d'une enveloppe de 21,3 milliards de dinars, se retrouve avec une baisse de 3,7 milliards de dinars. Sur deux ans, le département de Abdelmadjid Tebboune s'est vu amputé de 5,2 milliards de dinars. L'Education nationale est revenue, quant à elle, à son niveau de 2015, après avoir vu son budget augmenter en 2016. La loi de finances 2017 lui a alloué une enveloppe de 746,2 milliards de dinars, soit une baisse de plus de 17 milliards de dinars en comparaison avec l'année précédente. Considéré comme un secteur intouchable, il vient, tout de même, de connaître une découpe conséquente. La Culture, qui a toujours été le parent pauvre de la répartition budgétaire, et la Jeunesse et les Sports ont connu aussi une baisse respectivement de deux milliards de dinars pour le premier et d'un milliard de dinars pour le second. Mais l'indice qui renseigne sur la situation financière du pays est surtout le recul des investissements publics qui est de plus de 12 milliards de dollars. Ce qui est vraiment inquiétant. Selon le communiqué du Conseil des ministres du 4 octobre dernier, les dépenses d'équipement marquent une baisse sensible de près de 28%, passant à 2291,4 milliards de dinars en 2017 contre 3176,8 milliards de dinars en 2016. Les dépenses de fonctionnement marquent, elles, une baisse de moindre ampleur pour atteindre 4591,8 milliards de dinars contre 4807,3 milliards de dinars en 2016 (-4,4%). Avec ces prévisions, 2017 sera incontestablement l'année où les effets de la crise seront de plus en plus visibles. Le gouvernement, qui a prévu dans la loi de finances un prix de référence fiscale du baril de pétrole à 50 dollars pour pouvoir maintenir un tant soit peu le niveau des transferts sociaux et des politiques de subventions, aura-t-il suffisamment de temps et de moyens pour redresser une économie en crise ? Le tarissement du Fonds de régulation des recettes (FFR), qui désormais ne sera plus alimenté par les excédents provenant des revenus pétroliers, réduit de plus en plus sa marge de manœuvre. Ayant de moins en moins de finances pour acheter la paix sociale, et de plus en plus de difficultés à financer les segments productifs de l'économie, l'Exécutif finira-t-il par recourir à l'endettement extérieur ? Certains de ses relais politiques annoncent déjà la couleur en soutenant que cette option n'est pas à écarter, pour peu qu'elle serve le financement des investissements et non pas la consommation.