«J'entamerai la procédure judicière à partir de dimanche» , a déclaré Amine Sidhoum, l'avocat de la famille de Mohamed Tamalt, journaliste freelance détenu depuis juillet dernier et en grève de la faim, décédé dimanche dernier. «Nous voulons connaître la vérité et rien que la vérité sur les raisons de l'hospitalisation et du décès de Mohamed Tamalt», exige maître Sidhoum. «Le médecin légiste m'a fait comprendre que Tamalt était mort suite à une infection pulmonaire contractée par des germes hospitaliers. Je trouve que c'est dégradant de parler encore d'infections en 2016.» Et d'ajouter : «A partir de dimanche, nous allons formuler nos demandes officielles aux différents ministres et au procureur général, leur demandant le dossier médical complet du défunt depuis El Harrach jusqu'à son hospitalisation et son décès. Le ministre de la Justice avait parlé de rapport d'autopsie. Nous concernant, nous pensons que ses conclusions sont insuffisantes. Il est nécessaire d'avoir tout le dossier médical, à commencer par le scanner, l'IRM, jusqu'au constat de décès. Nous ne pouvons nous limiter aux conclusions des médecins de Bab El Oued. Nous avons beaucoup d'experts qui peuvent, eux aussi, donner leur avis là-dessus.» Joint par téléphone, Abdelkader, le frère du défunt, déclare pour EL Watan Week-end que la famille Tamlat «compte sur ses avocats pour faire le suivi du dossier du défunt journaliste». «Des avocats sont chargés de suivre l'affaire et de faire le nécessaire. La famille compte aussi sur le traitement médiatique de manière à faire toute la lumière et que la vérité éclate. Nous comptons sur l'appui des journalistes afin de faire toute la lumière sur l'affaire du décès de mon frère», explique-t-il. Sur la question de la collaboration de la tutelle, maître Sidhoum met en garde : «Si la tutelle ne remet pas le dossier, cela veut dire qu'elle a des choses à cacher.» Associations La mort du journaliste continue de susciter des réactions. Le front Line Defenders, le Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), le Réseau des avocats pour la défense des droits de l'homme, EuroMed Droits avec ses membres en Algérie, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme, SOS Disparus, CFDA et le Snapap appellent, dans un communiqué rendu public hier, «les autorités algériennes à ouvrir une enquête indépendante, approfondie et transparente dans les plus brefs délais afin d'élucider les circonstances de la mort de Mohamed Tamalt». Les mêmes associations et organsiations demandent à «libérer les défenseurs des droits humains et activistes de la société civile qui sont en prison pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression et de cesser le harcèlement judiciaire à leur encontre». Autre demande signée dans le communiqué est de «garantir la liberté d'expression en conformité avec la Constitution algérienne et le Pacte international pour les droits civils et politiques, ratifié par l'Algérie». Le collectif appelle également «l'Union européenne et ses Etats membres à contacter les autorités algériennes et leur faire part de leurs préoccupations quant aux circonstances de la mort de Mohamed Tamalt et de la nécessité d'une enquête impartiale et transparente».