L'arrondissement de Béchar-Djedid (60 000 habitants) a été le théâtre, dans la soirée de jeudi, d'événements particulièrement chauds. Tout a commencé vers 20h, où plusieurs jeunes dont le nombre n'a pas été déterminé, mais dont l'âge varie entre 16 et 25 ans, ont envahi la 3e sûreté urbaine de la localité pour protester contre une mesure interdisant kiosques et baraques métalliques édifiés sur les trottoirs servant à la vente des cigarettes. Au cours de l'assaut donné par les manifestants contre la sûreté urbaine, la plaque affichée au fronton de l'édifice a été arrachée, les vitres de la porte d'entrée brisées, 2 machines à écrire et le mobilier de bureau détruits. Au moment de l'attaque, 2 agents de police se trouvaient à l'intérieur du commissariat. Ils ont pu être sauvés, indique-t-on, grâce à l'intervention rapide de la BMB, de la BMPJ et de l'Unité républicaine d'intervention. Sur la base de témoignages des voyageurs en direction de la localité, des pneus ont été brûlés et jetés sur la chaussée par les jeunes protestataires dans le but d'interdire l'accès à l'arrondissement et un véhicule appartenant à un particulier a été endommagé. A l'issue des échauffourées qui ont duré 2 heures, on ne déplore aucun blessé, mais 5 jeunes manifestants ont été arrêtés et seront présentés à la justice, a-t-on appris, en attendant d'autres interpellations, indique-t-on. La mesure à l'origine de l'explosion de la colère des jeunes de Béchar-Djedid a été, récemment, dictée par les pouvoirs publics et menée sur le terrain conjointement par la police de l'urbanisme et de la protection de l'environnement (PUPE) et les services compétents de la commune. Dans un point de presse donné hier, le wali a expliqué que ces manifestants se sont mis hors la loi, car la mesure s'inscrit dans le cadre de la lutte contre la prolifération anarchique des baraques en tôle servant au commerce des cigarettes, qui obstruent les passages piétons et encombrent les trottoirs, espaces relevant du domaine public. Le chef de l'exécutif a ajouté que l'opération touche également les constructions illicites qui enlaidissent l'agglomération et que, en matière d'embellissement de la ville, la loi sera appliquée à tous et dans toute sa rigueur, allusion faite, selon la rumeur publique, à certains qui se considèrent intouchables. Mais une source sécuritaire révèle que les services de la sûreté détiennent des preuves irréfutables selon lesquelles plusieurs de ces revendeurs de cigarettes se livreraient au commerce illégal de stupéfiants (psychotropes). « Il était temps de mettre de l'ordre dans la cité », indique un officier de police qui ajoute que « l'Etat est déterminé à exercer ses prérogatives pour assurer l'ordre et la quiétude des citoyens ». Mais de nombreux jeunes réfutent ces accusations. Pour eux, vendre des cigarettes, c'est leur gagne-pain légal et les pouvoirs publics ne sont pas en mesure de leur offrir d'autres moyens de subsistance. D'autres ont évoqué l'épineux problème du chômage qui frappe durement la région où même les diplômés issus de l'université de Béchar n'arrivent pas à trouver de l'emploi, soulignent-ils. Une situation qui empire chaque année avec I'arrivée de nouvelles vagues de diplômés qui viennent grossir les rangs des chômeurs.