Le 6 novembre, le service de pédiatrie de l'hôpital Mère et enfant du CHU de Sétif a abrité un fait unique dans les annales de la société civile locale. Ce fait mérite la citation, car il peut éveiller bien des consciences, des nantis surtout. L'événement (c'en est vraiment un) est l'œuvre d'une figure emblématique du mouvement sportif national, Abdelhamid Kermali, qui continue du haut de ses 75 printemps de marquer des points. Le Cheikh avait promis que toutes les recettes de son jubilé, organisé en mai dernier sous le haut patronage du président de la République qui chapeaute pour la première fois une telle manifestation, seraient attribuées aux enfants cancéreux. Il a, comme à l'accoutumée, tenu sa promesse. En dépit de la volte-face de certains « sponsors » et d'un faux donateur qui s'est, nous dit-on, illustré par un chèque sans provision, le Cheikh, qui n'en est pas à sa première bonne œuvre, récidive, en offrant la totalité des recettes (220 millions de centimes) aux enfants qui étaient aux anges ainsi que le corps médical. Il est vrai que ce beau geste ne va pas atténuer les souffrances des patients et les innombrables difficultés des praticiens, mais il donnera surtout à réfléchir à l'hypnotisée société civile et à une catégorie d'associations satellitaires surtout, qui ne se manifestent que lors des élections ou pour prêter allégeance au nouveau chef qu'elles bombardent et gavent de superlatifs. Par ce geste, Kermali prouve que les sportifs de haut niveau sont de grands humanistes, capables de rendre le sourire aux plus vulnérables de la société ne devant pas s'appuyer uniquement sur les fonds du « beylik ». Il reste à espérer que cette louable initiative fera des émules à Sétif et ailleurs, comme c'est d'usage sous d'autres cieux où les associations sont parties prenantes dans la lutte contre le cancer. Elle sera sûrement considérée comme un cas d'école et un exemple de civilité et de citoyenneté.