Kamel Abbas a dû mesurer l'ampleur du désastre du secteur de la jeunesse et des sports à Constantine. La visite du wali, effectuée jeudi sur les sites de nombreuses infrastructures, lui a permis de constater le degré de décomposition d'un secteur orphelin, livré à l'abandon et à la mauvaise gestion. En effet, aussi bien la tutelle que la famille du sport semble avoir tourné le dos au secteur, alors que la mauvaise gestion est à l'œuvre depuis très longtemps. «Il n'existe aucun projet sportif dans la wilaya, que ce soit de masse ou d'élite», déplore Zaki Lahmar, conseiller principal en sport et ancien athlète. Les contre-performances et l'absence d'une élite constantinoise dans les différentes disciplines, notamment à l'occasion des compétitions nationales et internationales, témoignent de la régression de la pratique sportive dans une wilaya qui pourtant, a fourni durant des décennies, des athlètes de haut niveau, à l'image de Hassiba Boulmerka, Djamel Yahiouche, Abdeslem Benmaghsoula, et des équipes prestigieuses au Water-polo, au football et en athlétisme. Par quoi commencer pour décrire la déconfiture ? L'OPOW en ruine ? Les maisons de jeunes sous-exploitées ? Le club hippique convoité ? Là où l'on touche, on découvre un nid de guêpes. Combien a coûté la réfection du bassin olympique de l'OPOW pour que la montagne accouche d'une souris ? Combien ont coûté ces 10 ans de retard dans la réalisation de la piscine d'Ali Mendjeli et celle de Sidi M'cid ? Combien ont couté ces bassins de proximité fermés à peine une année après la reception ? Sans parler du gazon du stade Hamlaoui, plusieurs fois refait sans succès. Le traitement de faveur accordé au football au détriment des autres disciplines, a provoqué la mort de ces dernières sans que «le sport roi» ne ramène la satisfaction escomptée. L'athlétisme, la boxe, le volley-ball et la natation, par exemple, ont été asphyxiés. Dans les jeux d'échecs, les autorités locales ne connaissent même pas Amina Mezioud, pourtant maître international. La politique du sport à Constantine se résume au football, ou encore à détourner les fonds publics sous prétexte de réaliser des infrastructures mort-nées. Encadrement déficitaire Une approche scientifique est indispensable aujourd'hui pour analyser cette crise et prescrire les bons remèdes. En théorie, tout le monde sait que le sport se base sur des fondements qui sont l'idéologie, l'infrastructure, le financement, la gestion et l'encadrement technique. Or, il se trouve qu'aujourd'hui «les idéologies sont mortes et le ciel des idées est vide à Constantine du moment que les cadres porteurs d'idées ne sont pas écoutés», souligne encore M. Lahmar. Certes, Constantine est dotée d'un tissu important d'infrastructures, avec plus de 20 salles omnisports, deux piscines, dont une situéeà l'Institut national de formation supérieure des cadres de la jeunesse et des sports (INFS) et bientôt une autre au niveau de la nouvelle ville. Or, ces deux piscines ne sont pas opérationnelles. «Le coaching et le management des infrastructures sont totalement absents. Faute de savoir commercialiser l'infrastructure, la budgéter et l'administrer, son rendement reste négatif», explique notre source. Les exemples sont légion : Plus de 6000 adhérents dans différentes associations attendent l'ouverture de la piscine de l'INFS/CJS dont la réception a tourné au cauchemar à cause des malfaçons. Le terrain de foot de l'INFS ne fait profiter aucune association, ni d'ailleurs la salle omnisport de l'institut qui reste fermée au public et aux associations sportives pour des raisons que seule la direction connaît. Dans le volet jeunesse, la situation n'est pas meilleure. Il suffit de visiter les maisons de jeunes pour s'en apercevoir. Parmi les premières mesures à prendre, doter la wilaya d'un bon encadrement, à commencer par la DJS qui n'a pas de directeur depuis des mois, alors que l'INFS est conduit par un chargé de gestion depuis deux ans. La tutelle endosse toute la responsabilité dans cette situation. Le nouveau wali a du pain sur la planche, mais pour sauver le secteur, il doit faire confiance aux compétences, dont beaucoup ont été écartées.