Les travailleurs du Théâtre régional de Béjaïa (TRB) ont observé, hier au chef-lieu de wilaya, un sit-in de protestation contre le licenciement de 25 de leurs collègues contractuels suite à d'importantes restrictions budgétaires. Ils exigent la réintégration de tous les contractuels, l'effacement de toutes les dettes contractées par le TRB auprès de la CNAS et des fournisseurs, de revoir à la hausse la contribution annuelle, le payement de tous les salaires gelés depuis trois mois et qu'un directeur soit nommé à la tête du TRB, nous a confié à Farouk Mebarki, technicien lumière et syndicaliste en fin de contrat. L'action, qui a débuté vers 10h devant le TRB, a drainé, outre les travailleurs du théâtre, une foule de manifestants, dont des militants du MDS, du PST, du RCD, de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, du Café littéraire et de journalistes. Une séquence d'une pièce théâtrale, qui se veut un message aux autorités contre «la persécution des artistes encore vivants», a été jouée sur le lieu de protestation. Au TRB, qui emploie 60 travailleurs, entre artistes et assimilés, la contribution annuelle octroyée par l'Etat aux structures théâtrales était de 7,9 milliards de centimes en 2015, avant de descendre de 58% à 3,6 milliards de centimes en 2016, soit 1,4 milliard de centimes de moins que la masse salariale estimée à 5 milliards de centimes. Résultat : 25 travailleurs contractuels, dont 8 comédiens et des techniciens indispensables, seront dans la rue avant la fin du mois, et la deuxième tranche de la contribution 2016 n'est pas encore versée, laissant tous les travailleurs sans salaire depuis trois mois. «Nous avons un déficit de 1,4 milliard de centimes rien que pour payer les travailleurs, comment voulez-vous que notre théâtre continue de tourner», s'interroge un comédien, la gorge nouée. Et d'ajouter : «Il est plus que jamais nécessaire de donner un statut à l'artiste. Celui-ci est livré à lui-même et un statut digne peut régler beaucoup de choses.» «En s'attaquant à des postes-clés, c'est l'histoire du théâtre qu'ils sont en train d'effacer», regrette, pour sa part, Bazou, musicien et metteur en scène. A noter que ce mouvement de protestation intervient après l'épuisement de toutes les voies légales visant à amener le ministère de la Culture à revoir sa décision de juin 2016 de réduire la contribution annuelle octroyée par l'Etat aux théâtres, nous explique Farouk Mebarki : «Nous avons frappé à toutes les portes : le ministère de la Culture, le wali, l'Inspection du travail, en vain. Même l'UGTA nous a tourné le dos.»