Hospitalisé le 15 janvier dernier suite à la grève de la faim entamée en prison à Ménéa, puis transféré à l'hôpital H'mida Benadjila de la wilaya de Laghouat, 7 jours plus tard, le docteur Kamel Eddine Fekhar est au 25e jour de son action, a indiqué son avocat, mardi dernier. Il a affirmé que son client «est déterminé à poursuivre sa grève de la faim, même si cela lui coûtera la vie». Son avocat Me Salah Debbouz, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme et avocat de plus de 40 détenus dans la même affaire, est inquiet : «J'appelle à la solidarité nationale et internationale afin de demander la libération de Fekhar et des 63 autres prisonniers mozabites des derniers événements qui ont secoué la ville de Ghardaïa et qui ont conduit à la mort de plus de 50 personnes.» «Le Dr Fekhar a juré de ne plus retourner en prison. Il m'a dit qu'il sera reconduit soit chez lui ou directement au cimetière, confie Me Salah Debbouz avec amertume. Pis, il m'a obligé à rédiger son testament, car pour lui, il ne lui reste plus de solution face à toute l'injustice qu'il subit depuis son arrestation.» Pour rappel, Dr Kamel Eddine Fekhar a été interpellé en juillet 2015 en compagnie de 26 Mozabites à l'intérieur d'une mosquée de la ville de Ghardaïa. Accusés, entre autres, de «incitation à la violence et la haine», «atteinte à la sûreté de l'Etat» et «attroupement armé et non armé», dans deux affaires, l'une à Berriane et l'autre à Ghardaïa, le Dr Fekhar, 53 ans, père de huit enfants et grand-père de quatre petits-enfants, ainsi que ses camarades sont placés en détention provisoire depuis plus de 18 mois. D'ailleurs, 11 détenus ont entamé eux aussi une grève de la faim en signe de solidarité avec Dr Fekhar dans la prison de Ménéa. Ces derniers en sont actuellement à leur 13e jour. «Les grévistes sont décidés eux aussi de conduire leur action jusqu'à leur libération et la satisfaction des revendications du Dr Fekhar», assure Me Debbouz. «Dr Fekhar refuse d'être jugé par la juridiction de Ghardaïa. Il m'a demandé d'ailleurs de transférer son dossier dans n'importe quelle autre juridiction du pays. Il dit aussi qu'il y a beaucoup de vices de forme dans son dossier et qu'il est jugé à charge, ce qu'il n'accepte pas, évidemment», avoue Me Debbouz.