L'absence de l'autorité de l'Etat se ressent dans beaucoup de secteurs. Si l'économie informelle attire l'essentiel des commentaires, ce n'est, hélas, pas le cas en ce qui concerne le domaine de l'éducation en général. Pourtant, un tel secteur est plus sensible que tous les autres réunis tant il concerne l'avenir des générations et, par conséquent, le destin de tout un peuple. Il n'y a pas si longtemps, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a déclaré sur les ondes de la Chaîne 3 que plus de 139 écoles coraniques opèrent encore en dehors de tout contrôle pédagogique officiel. Des milliers d'innocentes âmes sont ainsi livrées aux mains de charlatans pour les modeler à leurs souhaits et leur inculquer dès leur plus jeune âge des idéologies impropres au progrès et étrangères à l'identité nationale dans toutes ses composantes. Bien que le danger est déjà réel et grandissant à travers les régions du pays, à l'exemple du démantèlement de diverses sectes religieuses, l'Etat tarde à imposer sa présence, ne serait-ce que dans la confection des programmes pédagogiques. La récente décision de la wilaya d'Alger de débloquer 50 postes d'enseignement coranique fera-t-elle tache d'huile à travers tout le territoire national afin de contrer ce qu'on peut qualifier de l'enseignement des «cavernes» ? Il y va de l'intérêt du pays. Il n'est pas exagéré de noter dans ce sens que les prémices de cette entreprise de déstabilisation maléfique du système éducatif sont perceptibles dans plusieurs paliers scolaires. Et il n'est pas étonnant de remarquer de plus en plus de signes de radicalisation particulièrement dans les écoles privées. Ainsi, les filles et les garçons sont séparés lors des prises de photos de classe et même lors des sorties pédagogiques. A ce stade de comportement irrationnel, il est à se demander si les écoles privées sont soumises au même règlement appliqué dans le secteur public ? Parallèlement au programme dispensé dans le cursus scolaire ou parascolaire et le comportement des responsables des établissements non contrôlés, l'absence de l'autorité de l'Etat laisse place à un esprit mercantile qui se répand dans le rang des enseignants. Bien que ces derniers sont décemment rémunérés et leurs demandes d'augmentation salariales satisfaites, il est un secret de polichinelle d'apprendre qu'il existe parmi eux des individus qui exercent un chantage insidieux auprès des élèves de classes d'examen pour les obliger à souscrire à des cours pompeusement appelés de «soutien» dispensés en dehors des établissements scolaires et à des prix prohibitifs. En tout état de cause, l'enseignement subit, comme tous les autres secteurs, les bouleversements qu'une société en mal de repères n'arrive pas maîtriser. Et la faute incombe aux politiques.