Une journée d'étude et d'information sur le programme d'investissement a été organisée mercredi dernier au siège de la wilaya de Tizi Ouzou. Des dizaines de chefs d'entreprise ont été conviés à cette rencontre pour écouter leurs doléances et leurs préoccupations. Les moyens financiers ont été mobilisés pour de nombreux projets d'investissement et de construction, mais l'inconnue, ce sont les moyens de réalisation. L'exécutif de wilaya a souhaité réunir les entrepreneurs pour débattre des difficultés rencontrées sur le terrain et s'assurer d'une bonne prise en charge des programmes affectés par l'administration centrale. Le diagnostic était en réalité déjà établi. Les blocages résident dans la maîtrise d'ouvrage et les services administratifs et financiers de l'Etat. Le wali a pris fait et cause pour les entreprises et n'a pas hésité à parler de « goulots d'étrangement » au sein de l'administration. « En l'absence de contrôle, un petit fonctionnaire peut bloquer tout un projet de développement », a-t-il dit. « L'entreprise est la cellule de base de l'économie. Ce n'est pas l'Etat qui crée les richesses, mais l'entreprise », a encore souligné le chef de l'exécutif. De graves lacunes sont apparues dans l'accompagnement et la mise en œuvre des projets de développement. « Les moyens humains au sein de la maîtrise d'ouvrage et les services financiers sont restés les mêmes alors que le volume de travail a augmenté. Le renforcement des personnels s'impose au sein des administrations, afin de faciliter et de diligenter tout ce qui a un rapport avec les documents contractuels et financiers », a expliqué le wali. C'est ce dernier qui a pris la défense des entrepreneurs, lesquels sont restés très réservés lors des débats. Le représentant du fonds de garantie des crédits a souligné les hésitations des entrepreneurs à demander à être dédommagés lorsqu'ils ne sont pas payés. « Les entreprises ne réclament pas les intérêts pour les retards de paiement, craignant d'être attendues au tournant et d'être exclues des nouveaux marchés », a-t-il précisé. Il ne s'agit plus de bureaucratie, mais d'un régime de terreur, lorsque le maître de l'ouvrage ne paie pas et chasse les acteurs du développement qui demandent uniquement la signature des documents contractuels et la reconnaissance d'un travail accompli dans le respect des normes. Par ailleurs, un chef d'entreprise a soulevé la question de l'indisponibilité de la main-d'œuvre qualifiée. « Il n'y a que 50 coffreurs pour 200 entreprises du bâtiment », a-t-il fait remarquer. Le wali a répondu que les métiers du BTP ont été mis en priorité dans les nouvelles filières créées dans la formation professionnelle. 37 sections de stagiaires ont été créées dans ce domaine lors de la dernière rentrée. Des préoccupations ont été également soulevées concernant la disponibilité des matériaux de construction et la fluctuation des prix sur le marché. L'exploitation des agrégats de l'oued Sébaou étant soumise à de fortes restrictions réglementaires, il est annoncé l'installation de six carrières en zone montagneuse. Leur mise en service engendrera une production de 750 000 t/an et créeront 134 emplois directs. Il est prévu la création au sein du cabinet du wali d'une cellule d'accueil en direction des entrepreneurs, afin d'identifier et de lever d'une façon immédiate les sources de blocage et de bureaucratie.