Créer une nouvelle structure politique élargie.» C'est la nouvelle démarche du groupe des 12 dissidents de l'Instance de coordination et de suivi de l'opposition (ICSO). Ambitionnant de jeter les bases d'une nouvelle pratique politique, les animateurs de ce groupe s'apprêtent à tourner définitivement la page de l'ICSO et du sommet de Mazafran. «Nous réfléchissons actuellement à la création d'un autre cadre, dont la forme n'est pas encore discutée. Ce cadre sera ouvert à d'autres personnes qui ne font pas partie de l'ancienne instance», annonce le président du parti Jil Jadid, Soufiane Djilali, à l'occasion d'un point de presse animé hier au siège de sa formation à Alger, en compagnie de Karim Tabbou, Farid Mokhtari, Samir Benlarbi et Saad Bouakba. Pour les dissidents de l'ICSO, cette démarche vise à «construire un avenir avec de nouvelle règles». «L'enjeu pour nous, c'est l'opinion publique. Nous devons mettre en place de nouvelles règles et un nouveau contrat politique contraignant pour tous», lance, de son côté, Karim Tabbou, président de l'UDS, qui est un parti non agréé. Faisant leur évaluation de la situation politique nationale, les membres de ce groupe mettent en garde contre le risque d'effondrement des institutions de l'Etat. «Le danger peut venir de l'effondrement du système qui emportera sur son passage l'Etat», avertit Soufiane Djilali, en relevant l'ampleur de la crise de confiance qui règne actuellement dans le pays. Une crise illustrée, selon lui, par le refus des parents d'élèves de faire vacciner leurs enfants dans les écoles. «Notre pays vit une crise politique sans précédent. Cette crise est inédite, elle est exceptionnellement porteuse de dangers sur la stabilité et la sécurité nationales. L'absence prolongée du chef de l'Etat et son incapacité ‘‘physique et mentale'' à assumer ses missions constitutionnelles ont impacté lourdement les services de l'Etat», expliquent les responsables de ce groupe dans un communiqué rendu public. Toutes les institutions, ajoutent-ils, sont suspendues à «la seule volonté des décideurs de l'ombre». «Elles sont devenues de simples instruments au service de la prédation et des prédateurs. Les réformes politiques tant proclamées, la révision de la Constitution et toutes les promesses données par le pouvoir n'étaient que des mirages et des leurres», analysent-ils. «Graves atteintes aux libertés» Revenant sur la question des élections législatives, les animateurs de ce groupe affirment que les citoyens «se retrouvent encore une fois otages des pratiques maffieuses, des marchandages et des arrangements souterrains». Devant l'ampleur des dépassements enregistrés, dénoncent-ils, la justice ne bouge toujours pas. Face à cette situation, ils se disent convaincus de la «justesse de leur position». «Fidèles à nos engagements primordiaux, convaincus de la justesse de notre position de dissidence contre la mascarade de mai prochain, nous appelons les citoyens à faire preuve de dignité et de courage pour dire non à une élection des barons et des prédateurs, aux imposteurs et aux courtisans et aux mensonges et à la bassesse», lancent-ils. Abordant la question des libertés, ils condamnent le harcèlement et la privation des citoyens de leurs droits constitutionnels. «Kamel Eddine Fekhar entame son 76e jour de grève de la faim et risque de mourir à tout moment, et la justice ne se manifeste toujours pas. Maître Dabouz est placé sous contrôle judiciaire et est contraint de signer sa présence chaque semaine. Les étudiants en pharmacie sont malmenés pour avoir revendiqué leurs droits», condamne Samir Benlarbi.