le service de gynécologie obstétrique du CHU Saâdna Abdenour de Sétif n'en finit pas avec le sempiternel problème du manque de gynécologues. Accueillant les parturientes de la wilaya et des régions limitrophes, l'établissement de 120 lits fonctionne encore et toujours avec uniquement des généralistes et la mission chinoise (4 gynécologues-obstétriciens) dont le contrat expire en janvier 2019. Perdurant depuis belle lurette le déficit se répercute sur la qualité de la prise en charge médicale, notamment sur les cas des grossesses à risque. Paradoxalement, le flux de parturientes évacuées de wilayas limitrophes est en perpétuelle augmentation : «Le manque de spécialistes en mesure de répondre à différents cas urgents n'empêche pas le flux massif des parturientes hors wilaya. On enregistre parfois plus de 300 évacuations par jour. L'apport de la mission chinoise, qui nous coûte les yeux de la tête, est ponctuel et ne peut perdurer éternellement», souligne, sous le sceau de l'anonymat un professionnel de la santé. Le directeur général du CHU, Nouredine Belkadi, fait non seulement parler les chiffres, mais tire la sonnette d'alarme : «L'absence de gynécologues nous empoisonne la vie. Malgré les innombrables aléas, on arrive plus ou moins à répondre aux attentes des parturientes. Je tiens par ailleurs à mettre en exergue les efforts consentis par le directeur de la santé, qui a pu monter un garde wilaya. Avec l'apport des gynécologues privés, on arrive à assurer les gardes de nuit qui ne sont pas évidentes. Pour mesurer l'ampleur de notre charge de travail de nos équipes, qui réalisent un travail titanesque, on doit savoir qu'en 2016, la maternité a enregistré 19 000 admissions et réalisé 14 000 accouchements dont 10% par césarienne. Faute d'un praticien de rang magistral, Sétif n'est plus un terrain de stage en gynécologie. Ce n'est pas normal pour une aussi grande agglomération.» Pour connaître les causes d'une telle «vacance» le problème est exposé au doyen de la faculté de médecine de l'université Sétif 1, le professeur Slimane Laouamri : «Le terrain de stage exige un enseignant de grade de professeur ou maître de conférences, lequel est secondé par deux maîtres-assistants, alors qu'à Sétif, on ne dispose que d'un seul maître-assistant. Dans le but de booster les enseignements dispensés et régler définitivement le problème, nous avons ouvert des postes de recrutement pour un maître de conférences et cinq maîtres-assistants. Malheureusement notre démarche n'a pas obtenu le résultat escompté…» L'universitaire révèle que les résidents de Sétif poursuivant actuellement leur formation à Constantine devront prochainement assurer des gardes et consultations à la maternité du CHU de Sétif, qui ne peut plus s'accommoder des solutions palliatives ayant montré leurs limites.