Un film fait actuellement le tour des MJC et du circuit de certaines salles militantes de cinéma en France. Banlieues : sous le feu des médias est réalisé par Christophe-Emmanuel Del Debbio, documentariste, ancien de l'équipe d'« Arrêts sur images », émission de France 5. Un an après les « révoltes » dans les quartiers, il décode les messages distillés jusqu'à la nausée par les télés françaises. Rappelons-nous, entre la fin octobre et la première quinzaine de novembre, « l'embrasement des banlieues » a occupé le devant de la scène médiatique, le petit écran particulièrement. Pendant trois semaines, l'antenne était consacrée à ces « événements ». Des heures d'antenne leur étaient dévolues, les banlieues et ses habitants se retrouvant comme pris en otages de messages qui donnent le tournis. Le documentariste a enregistré des heures de journaux télévisés et d'émissions consacrés à ces révoltes inédites. Patiemment, il a décortiqué le choix des mots, des images, des journalistes envoyés sur le terrain, le « recrutement » des invités sur les divers plateaux. Il en conclut à un prisme déformant. Son décryptage l'a amené à réaliser ce film dans lequel il donne un regard décalé et très instructif : amalgames, stigmatisation des quartiers et des jeunes, absence d'autocritique des journalistes. Sans aucun commentaire, son montage d'images et de sons force à se demander quel impact cette couverture a-t-elle pu induire sur la vision de la société pour le citoyen téléspectateur moyen. Pour vérifier sur le terrain la manipulation, il y est reparti cet automne pour donner la parole à des jeunes d'Aulnay-sous-Bois, qui reviennent sur leur rapport aux médias, à l'image véhiculée de leur quartier. Une mère de famille raconte ce qu'elle a vécu après un passage au Journal de 20 heures de TF1. Enfin, un journaliste (suisse !) témoigne de son travail en banlieue et des choix rédactionnels.