Samedi : «Le FLN est le dépositaire de l'indépendance nationale (…) Les Algériens lui sont redevables d'une dette, celle de la libération du pays.» A défaut d'un programme partisan (il n'en a pas puisqu'il s'appuie sur celui de fakhamatouhou), Djamel Ould Abbès, parachuté patron du PFLN, joue sur l'amalgame entre le FLN historique et le Parti-FLN. Qui, en Algérie, mettrait en cause le combat du FLN de Ben M'hidi et de Ben Boulaïd et des millions d'Algériens (de différents courants politiques et même de différentes religions, d'origines où même de nationalités) ? C'est ce chantage à la Ould Abbès qui est une insulte au combat de nos aînés contre le crime colonial. Mais qui le remettra en place ? Qui lui rappellera que le FLN était un projet national, creuset de toutes les tendances algériennes, des communistes aux Oulémas ? Un peu de décence M. le secrétaire général de l'ex-parti unique ! Dimanche : Même la très officielle agence de presse APS ne peut l'omettre : «La presse nationale, parue dimanche, a mis en évidence un manque d'engouement de la population une semaine après le coup d'envoi d'une campagne électorale qui peine à mobiliser les Algériens.» (On passe sur le mot «population» qui devrait être interdit dans nos médias). Même Derbal déplore le faible taux d'exploitation des espaces consacrés à la campagne électorale de la part des partis et des candidats. Il est évident que la campagne électorale, récréation «démocratique» consentie par le régime chaque cinq ans, ne passionne que chichement les Algériens : on ne peut interdire aux gens la politique tout ce temps et leur pourrir l'image du Parlement et du député et après les appeler à voter ! C'est le pouvoir qui crée l'abstention. Quand Bedoui annonce l'arrestation (une grave dérive cela dit en passant) d'un facebooker qui a détourné une affiche appelant à la participation, il se trompe de cible. Lundi : Ahmed Ouyahia réclame «la peine capitale pour les individus impliqués dans des rapts d'enfants et les trafiquants de drogue qui introduisent frauduleusement au pays ce poison par quintaux». C'est malin ça, en pleine campagne internationale contre la peine de mort ! Par ailleurs, ce même Ouyahia dément Djamel Ould Abbès et proclame que «Bouteflika appartient à tout le monde», Ould Abbès revendique le président comme son argument électoral le plus précieux. Guerre d'ego ou quelque chose de plus profond se cachent derrière ces passes d'armes ? Aussi, Ouyahia s'attaque de temps à autre à la gestion gouvernementale (à Abdelmalek Sellal, donc) de l'économie en crise : certains parlent d'un combat de challengers en vue d'une présidentielle post-Bouteflika… Peut-être, mais cela n'augure en rien de bon pour le reste de l'histoire ! Car le plus urgent serait d'abord de gérer sérieusement ce pays, avec efficacité et abnégation. Déjà, trois gros mots là ! Mardi : «La stabilité, ça veut dire qu'on va figer la situation telle qu'elle est. C'est le pire ennemi de la sortie pacifique de crise.» Salima Ghezali, essayiste et militante, tête de liste FFS à Alger rend sur TSA un diagnostique lucide et glaçant sur le politique en Algérie. Une rare occasion en cette campagne clownesque pour saisir le sens du cataclysme que nous subissons. Ça nous change d'Ould Abbès (et oui, encore) qui, de Tiaret, affirme que «la génération de Novembre est capable de donner plus à l'Algérie». Avec tout le respect qu'on doit aux combattants et militants, hommes de médias, de culture, sportifs et même les étrangers qui ont participé à la lutte contre le colonialisme, il est utile de rappeler à Ould Abbès les paroles d'un certain Abdelaziz Bouteflika en mai 2012, à Sétif. «Je m'adresse aux jeunes qui doivent prendre le témoin, car ma génération a fait son temps, tab jnan'na. Après avoir libéré le pays et participé par la suite à son édification, l'heure de la retraite a sonné pour les anciens ne pouvant plus gérer les affaires du pays.» Mercredi : Le FNA de Moussa Touati se dit victime d'une «manœuvre politique» : «Un ancien élu du parti a investi son argent pour dissuader les militants de se porter candidats dans une liste parce qu'elle était conduite par une femme.» Le FNA qui révolutionne l'histoire politique du pays en proposant à Chlef une liste exclusivement féminine. Bon, ça c'est positif, mais on n'a pas le temps d'apprécier ou d'analyser cette initiative chelfienne que nous tombe sur la tête ce scandale de candidates masquées, les fantômettes des législatives. La campagne de colère contre ce drôle d'agissement a poussé la haute instance de surveillance à réagir et à demander aux partis de rectifier le tir. A Bordj Bou Arréridj, les partis ont obtempéré. Pas Naïma Salhi, du PEP, qui défend «la tradition» algérienne et qui argumente aussi… par le manque de finances pour remplacer ses affiches. Jeudi : Drame. Le corps sans vie de Saïd Djouder, 66 ans, candidat du FLN aux législatives, disparu il y a 18 jours à Béjaïa, a été retrouvé par les services de sécurité à Cap Carbon. Le tueur serait entre les mains des autorités. Sur El Khabar, un expert explique que les islamistes algériens auront moins de succès que leurs camarades dans la région : les divisions et leur incapacité à offrir une alternative sérieuse hypothèquent les chances de nos barbus en costard. Dans le même registre, le gouvernement appelle les imams à contrer les boycotteurs. Deux conclusions s'imposent. Premièrement, les autorités re-jouent avec l'amalgame entre religion et politique (chose qu'elles interdisent aux autres acteurs politiques à juste titre), ce n'est pas le meilleur exemple à donner. Deuxièmement, cela démontre le degré de panique du régime face à une vague d'abstention record : les sondages internes et non publiables ont dû mettre le curseur de l'abstention au maximum. Un cauchemar pour un pouvoir qui tient beaucoup à la légitimité du nombre !