Baraki-Bentalha-Sidi Moussa. Rien que l'évocation de ces localités fait resurgir, dans l'imaginaire collectif, de tristes souvenirs : les affres du terrorisme. Plus de 20 ans après, les stigmates de cette page noire de l'Algérie restent encore vivantes. Les habitants de ces quartiers populaires situés à une trentaine de kilomètres d'Alger-Centre ne tournent toujours pas la page. Pis, ils se sentent délaissés et oubliés par les autorités. Ils le disent haut et fort à l'occasion de cette campagne électorale pour les législatives du 4 mai prochain. «Rien n'a changé ici depuis 1990. Les promesses étaient nombreuses, mais dans les faits, il n'y a point d'évolution dans le quotidien des citoyens de cette localité», lance un jeune de Bentalha. Dans une discussion avec le président du RCD, Mohcine Belabbas, qui a visité, mercredi dernier en compagnie des candidats et militants de son parti, cette localité, ce citoyen étale tout le désespoir des jeunes qui, selon lui, ne croient plus aux élections. «Vous voyez ces jeunes ? Ils viennent quotidiennement s'attabler dans ce café maure. Je peux vous dire que personne ne votera, tant qu'il n'y aura aucune lueur d'espoir. Beaucoup de responsables politiques, dont Ghoul, sont venus ici par le passé, mais ils n'ont fait que des promesses», informe-t-il, lors de cet échange respectueux avec la délégation du RCD. Les habitants de cette localité, qui a connu les plus abjects attentats terroristes, sont aussi très remontés contre l'APN qui a avalisé la loi de «taqachouf» (l'austérité). «Le peu d'espoir qui restait a été emporté par la loi de finances 2017. Comment accepter d'alourdir encore le fardeau que porte le citoyen ?» interroge-t-il. Attentif, Mohcine Belabbas explique à son interlocuteur que le problème réside surtout dans le choix des représentants du peuple à l'Assemblée. «Qui a voté cette loi ? Ce sont les partis au pouvoir. Le changement passe par l'élection de représentants légitimes», affirme-t-il. «Il ne faut pas attendre le changement pour faire de la politique. Il faut faire de la politique pour amorcer le changement voulu», insiste-t-il en s'adressant à un jeune barbu. Venu avec sa petite fille, ce dernier abonde dans le même sens. «Nous pensons à l'avenir de nos enfants. C'est pour eux qu'il faut travailler», dit-il, affirmant que le RCD est le premier à venir chez-eux cette fois-ci. La délégation du RCD a entamé cette sortie de proximité à Baraki, où il a eu également des échanges avec des citoyens. Le premier contact a eu lieu avec les militantes d'une association féminine locale qui ont évoqué notamment «l'échec de la loi sur la réconciliation nationale». Puis, les candidats du parti ont sillonné les rues de cette ville à l'écoute des citoyens qui affichent leur méfiance à l'égard des élections. La persistance du chômage, les difficultés d'accès au logement sont mises en avant par ces citoyens pour rappeler, à leurs interlocuteurs, «qu'ils ne sont sollicités qu'en période électorale». Là aussi, le leader du RCD tente de leur rappeler que «les partis ne sont pas tous les mêmes». «Lors des législatives, on élit des représentants du peuple à l'APN. Il faut choisir ceux qui vont défendre vos intérêts. Le RCD, avec son programme, propose des solutions qui peuvent constituer une alternative à l'austérité prônée par le gouvernement», insiste-t-il à chacune de ses haltes à Baraki. A Sidi Moussa, Mohcine Belabbas rappelle aussi les «capacités de son parti à changer la donne à l'Assemblée». «Nous sommes dans un régime présidentiel, le parlementaire ne peut rien faire», lui dit un sexagénaire. «Non ! Les députés élus démocratiquement peuvent agir. Ils ont la possibilité de dénoncer et défendre l'intérêt du citoyen», rétorque le président du RCD. Les candidats du RCD ont opté, lors de cette campagne électorale, pour les rencontres de proximité. «Nous avons fait campagne dans 80% des communes d'Alger. La démarche est plus bénéfique et nous avons été accueillis favorablement par les citoyens», assurent les candidats du RCD.