Le ministre du Tourisme, de l'Aménagement du territoire et de l'Artisanat n'a pas semblé satisfait lors d'une récente visite dans la wilaya d'El Tarf. Tout au long de son périple qui l'a conduit d'El Batah (Ben Mhidi), à la Messida (Oum Teboul/Souarekh), en passant par El Kala, il n'a cessé de répéter que la région est un véritable paradis et qu'il faut apprendre à travailler pour l'exploiter sans le détruire, sans même le dégrader, car ce sont précisément ses richesses naturelles, en référence aux paysages, qui sont ses atouts touristiques et économiques. «Halte à l'anarchie et au désordre, il ne faut plus refaire les erreurs commises dans les autres régions du pays. Il faut protéger les richesses naturelles et ne pas clochardiser. Je préfère garder la nature vierge pour les générations futures», dira Abdelwahab Nouri. C'est sur le site d'El Batah, où sont concentrés 29 projets sur 73 hectares, que le ministre a sorti le mot «clochardisation». Précisément au Tropicana, un village de vacances d'une quarantaine de chalets en bois, présenté comme le paradigme du développement touristique durable et écologique -des concepts galvaudés, qui ont mis des décennies pour s'élaborer par des armées de scientifiques et piétinés aujourd'hui à El Batah, comme le cordon dunaire, où il s'est implanté en dépit de la loi et après avoir rasé le maquis de chênes qui stabilisait la dune. C'est là aussi que le ministre a demandé qu'on suspende des travaux, de revoir les études et de mettre en place une structure qui puisse suivre tous ces projets pour lesquels il faut des études sérieuses pour des réalisations de qualité. Tout le monde l'aura constaté, spécialement les membres de la délégation qui accompagnaient le ministre, le béton a pris le dessus dans la wilaya, qui prétend devenir une «destination écologique». Encore une nouveauté ! SEULEMENT 66 HÔTELS À LA CHARGE DE L'ETAT Les programmes de développement du tourisme à El Tarf prévoient 73 projets qui offriront à terme 14 220 lits et 5 260 emplois. 45 projets sont en cours de réalisation, 11 hôtels en zone urbaine, 8 stations thermales, 29 villages de vacances à El Batah, 19 autres à El Chatt et 14 de camps de toile, avec l'objectif de faire d'El Tarf la capitale des camps de toile. Et à ce sujet, soulignons que la visite du camp de toile de Tonga, confié à l'Agence de gestion et de régulation foncière urbaine, a sauté du programme de la visite ministérielle. Ce camp, implanté en dépit des lois sur une pinède de la zone protégée du lac Tonga a fait couler de l'encre. «On aurait pu garder ce site tel qu'il est pour son attrait naturel et trouver une parcelle à cette agence foncière urbaine pour réaliser son camp de toile et y planter des arbres et des fleurs entre les tentes», ont proposé des amoureux de la nature, indignés par le spectacle. A propos de thermalisme, Abdelwahab Nouri demandera de revoir la planification et les études. Il a trouvé anormal qu'on installe trois projets autour d'une source qui donne moins de 3 litres/seconde et où il est proposé de faire un forage pour améliore son débit. Sans une étude hydrogéologique très approfondie, on peut tout simplement perdre la source. A une question d'El Watan, qui demandait au ministre ce qu'il pensait des déclarations de Djilali Mehri, l'homme d'affaires algérien, connu pour ses grands projets dans le tourisme, qui suggère de laisser au privé l'acte économique d'investir et aux pouvoirs publics de concentrer leurs efforts sur la promotion du tourisme et sa régulation, notamment pour planifier les capacités dans les grandes villes, Abdelwahab Nouri a répondu que sur les 585 projets d'hôtels en cours, seulement 66 sont à la charge de l'Etat, tout le reste est privé. Ce qui, a précisé l'invité d'El Tarf, devrait faire passer de 100 000 à plus de 200 000 la capacité en lits du secteur.