Lors d'une conférence de presse animée au centre universitaire Hadj Moussa Ag Akhamouk, Mme Kawthar Krikou, représentante du BRAC, a tenu à faire le point sur l'ampleur qu'a pris ce fléau en Algérie, notamment dans les villes frontalières, qui passent du stade de simples zones de transit à celles de la consommation par excellence. Nouveau programme de prévention En brossant un tableau peu reluisant sur le fléau, l'oratrice a, de prime abord, fait plusieurs recommandations pour combattre ce phénomène, en se basant sur le triptyque prévention-soins - répression et la mise en œuvre d'une stratégie permanente fondée sur la sensibilisation aux dangers de cette substance morbide et ses effets néfastes sur l'individu et la société à différents niveaux. A ce propos, elle a annoncé le lancement d'un programme de prévention visant à réduire la consommation de drogue, portant particulièrement sur des campagnes de sensibilisation à l'échelle nationale et des actions de proximité dans les quartiers et les espaces à forte concentration de jeunes. «L'initiative touchera surtout les localités frontalières de l'extrême Sud», a indiqué Mme Krikou, en faisant part d'un projet de stratégie nationale pour lutter contre la drogue, particulièrement en milieu scolaire, qui sera prochainement proposé à la nouvelle Assemblée populaire nationale. Préconisations Les recommandations faites portent essentiellement sur l'amendement de loi n° 04-18 relative à la prévention et à la répression de l'usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes, qui ne semble plus être pratique, compte tenu de la nature des affaires traitées quotidiennement et du vide juridique constaté par les professionnels sur le terrain. Evoquant les soins prodigués aux toxicomanes, l'hôtesse de l'Ahaggar a insisté sur l'importance d'investir dans la formation des spécialistes et la création de davantage de centres de lutte contre la toxicomanie afin d'éviter les placements maladroits des drogués dans des établissements psychiatriques. «Traiter le toxicomane de malade mental complique notre démarche et risque d'avorter nos efforts», souligne l'intervenante, qui a invité les associations thématiques à se mettre à contribution pour trouver des solutions pratiques à ce fléau qui menace même les enfants en bas âge. Mme Kawthar Krikou a également évoqué la nécessité de modifier la liste des drogues, en y rajoutant les stupéfiants et psychotropes non classés. Dans son rapport mondial sur les drogues pour l'exercice 2016, L'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a estimé que 32% de la production mondiale de drogues était concentrés dans les pays d'Afrique du Nord. A la date de 2014, «2 522 plants de cannabis ont été détruits par les autorités » et «7 470 plants d'opium ont été détruits en 2014 », souligne le rapport.