Les partis politiques implantés en Kabylie, le FFS et le RCD, restent méfiants quant à la décision du redéploiement de la Gendarmerie nationale dans la région, alors que le FLN et le PT trouvent la mesure normale et logique. Ainsi, le FFS, le parti majoritaire en Kabylie, par la voix de son premier secrétaire national, Ali Laâskri, considère que la vraie question est éminemment politique et globale et ne peut être réduite à un seul corps de sécurité. « Le régime est militaire depuis 1962 », lance M. Laâskri, joint, hier, par téléphone. La solution, explique le responsable du FFS, réside dans un changement démocratique et social pour l'instauration d'une IIe République. Notre interlocuteur juge primordial la séparation des pouvoirs et plaide pour le retour aux résolutions du Congrès de la Soummam. M. Laâskri souligne qu'une alternative démocratique doit passer par une assemblée constituante. Pour corroborer ses dires, le premier secrétaire national du FFS indique que la nature du régime a fait que les assassins des victimes du printemps noir sont restés impunis. Pour sa part, Belabbas Mohcine, secrétaire national du RCD, chargé de la communication, précise, d'emblée, que le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) n'a jamais demandé le départ de la gendarmerie de la Kabylie. « Il appartient aux autorités de décider de leur redéploiement », dira notre interlocuteur, contacté par téléphone. M. Mohcine affirme que le minimum que demande le RCD est de juger les meurtriers des 126 victimes du printemps noir. « Mais rien n'a été fait jusqu'à aujourd'hui », déplore-t-il. Pour lui, le problème d'insécurité touche l'ensemble du pays et est lié à plusieurs facteurs, comme le banditisme et le terrorisme. Cependant, la situation peut paraître exceptionnelle en Kabylie du fait de l'implantation du GSPC dans la région. Par ailleurs, M. Goudjil, membre de l'instance exécutive du FLN, souligne que la Gendarmerie nationale est un corps de la République. Il juge tout à fait normal la décision du retour de ce corps dans la région. « Nous avons toujours milité pour le retour au calme dans cette région », dira le responsable du FLN, ajoutant : « Lors des dernières élections partielles, l'objectif de notre participation était de faire fonctionner les APC et d'instaurer un climat d'apaisement. » Même son de cloche au Parti des travailleurs (PT) qui, par la voix de Arfoutni Abderahmane, membre de la direction du parti, considère la décision du wali de Tizi Ouzou comme tout à fait normale. « Il est tout à fait normal que les mêmes institutions de la République se trouvent dans tout le pays », analyse-t-il. Le PT, ajoute-t-il, a toujours plaidé pour l'unité de la nation qui doit s'exprimer dans toutes ses diversités, notamment la composante arabophone et berbérophone. « Nous trouvons normale cette décision et l'institution de la Gendarmerie nationale ne peut qu'être comparée à l'école, l'université et le service public qui couvrent tout le territoire national », a-t-il résumé, d'autant plus que la situation sécuritaire s'est dégradée ces derniers jours.