Après un moment de flottement, le clan des caciques a réagi à la déroute qu'il a subie à la faveur du renouvellement de la mouhafadha. Ainsi, il a introduit des recours afin d'invalider tout ou partie de l'opération ayant profité à un nouveau clan qui a réussi à fédérer toutes les animosités qu'il s'était attiré du fait de sa durable emprise sur le parti. Le coup mortel qui lui a été porté est tel que, par une arithmétique dont le vieux parti possède le secret, sur les neuf sièges initialement arrêtés pour la mouhafadha, il s'était fait arracher les neuf, n'en récoltant qu'un, un dixième, comme sorti du chapeau d'un magicien. Pour comprendre l'économie de cette bizarre équation, il y a lieu de rappeler qu'il avait été entendu que chaque candidature devait être domiciliée sur une des huit daïras de la wilaya selon la kasma d'origine de chaque candidat. De la sorte, il était attendu une équitable représentation de la base. C'est le candidat qui obtient le plus de voix sur un siège qui l'emporte. Cependant, par un brouillon consensus, dont chacun des deux clans croyait pouvoir tirer les meilleurs dividendes, il avait été décidé que la daïra du chef-lieu de wilaya aurait droit à deux sièges et que les élus nationaux bénéficieraient du privilège de se présenter en n'importe quelle daïra. Seul un sénateur s'y engagea pour ne pas concurrencer ses alliés sur sa daïra d'origine, Beni Saf en l'occurrence, bénéficiant du report de voix des anti-caciques pour enlever un siège au niveau du chef-lieu de wilaya. Par ailleurs, grâce à un autre cafouillis, un arrangement avait accordé un dixième siège pour admettre une femme à la mouhafadha, une militante qui s'était présentée à El Malah, précisément contre le chef de file des apparatchiks. Ainsi, les recours ont été introduits pour contester le fait que la daïra du chef-lieu de wilaya ait été privée du bénéfice des deux sièges qui lui avait été accordés pour revenir finalement à Béni Saf. En outre, le cas du dixième membre de la mouhafadha est remis en cause. Enfin, d'autres « manquements » dans l'application de la circulaire ont été mis en exergue par les contestataires pour tenter de regagner le terrain perdu. La question qui est alors sur toutes les lèvres à Aïn Témouchent est de savoir si la commission centrale, qui va statuer sur les recours introduits, va trancher en tenant compte des seuls aspects « réglementaires » et soit conforter le changement intervenu, soit recomposer l'équilibre des forces au sein de la mouhafadha. En définitive, c'est quel traitement politique qui va être rendu pour donner quel visage localement au FLN ?