Les concernés contestent leur élimination de la liste des bénéficiaires lors de la récente attribution dans la commune de Filfila, après des années d'attente. Treize familles de la commune de Filfila, à l'est de Skikda, observent, depuis hier, une grève de la faim. «Nous passons nos nuits dehors depuis trois jours déjà, et comme personne ne s'en est inquiété, on a décidé aujourd'hui d'enclencher une grève de la faim jusqu'à l'obtention de nos droits légitimes», témoigne un des pères de famille. Ces dernières se disent lésées et crient à la «hogra» après la décision des pouvoirs publics de rayer leurs noms de la liste finale des bénéficiaires d'un programme de 191 logements sociaux, distribués récemment dans cette commune. Les pères de famille reviennent sommairement sur la genèse de leur malheur et racontent : «Lors de la première confection de la liste des bénéficiaires, on y figurait tous, mais après la période dite des recours, on nous a rayés sans prendre le temps de nous expliquer le pourquoi de la chose. On a tenté de voir le chef de la daïra de Skikda, mais il a refusé carrément de nous recevoir. On est allés se plaindre auprès du cabinet du wali, mais on n'a même pas été autorisés à voir le secrétaire général de la wilaya. On a alors forcé l'entrée du cabinet et c'est là qu'on s'est contenté de nous orienter vers le médiateur du wali, en présence des services de sécurité. Cette rencontre n'a apporté aucune réponse à nos questionnements». Les pères de famille tenteront de saisir l'ensemble des responsables locaux par correspondance pour expliquer leurs cas et défendre leur cause sans obtenir la moindre réponse. Ils décident alors de saisir par écrit le procureur de la République, les ministres de l'Habitat et de la Solidarité nationale, ainsi que la Ligue des droits de l'homme. «Nous sommes pour la transparence et nous voulons juste connaître les motifs que la commission d'attribution a adoptés pour nous éliminer. Tout le monde ici à Filfila sait que plusieurs bénéficiaires ne méritent nullement d'être attributaires d'un logement social, mais étrangement, ils ont eu leurs clés», témoignent les pères de famille. Ils ajoutent : «On avance à titre officieux qu'on aurait été éliminés par rapport à quatre paramètres que sont le fait d'avoir bénéficié d'un projet CNAC, de disposer d'un registre du commerce, d'un salaire de plus 24 000 DA et la promiscuité du logement habité. Croyez-nous, si on applique ces paramètres à l'ensemble de la liste, il y aurait de quoi éliminer plus de 60 % des bénéficiaires. Nous estimons que ce n'est pas la véritable cause et que notre élimination relève plutôt de l'arbitraire.» Les grévistes entendent poursuivre dans le calme leur mouvement pour défendre leurs droits. «Nous implorons les pouvoirs publics de revoir notre cas. Il y a parmi nous un grand-père et un couple de sourds-muets. Nous estimons que nous remplissons les mêmes critères que nos concitoyens qui ont bénéficié de leurs logements. Qu'on ne nous enlève pas la joie d'avoir ce logement, que nous attendions depuis décembre 2011», concluent-ils.